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Billet Albumrock

Edito février 2016 : Gods N' Dollars


Nicolas, le 07/02/2016

Guns N’ Roses, Black Sabbath, Téléphone… la mode des reformations ne semble pas prête de se tarir. Au point même qu’un candidat à la Maison Blanche promet, s’il est élu, de faire en sorte que les Pink Floyd remettent le couvert - on lui souhaite bon courage. Accrochées à leurs trônes, les vieilles gloires entendent encore montrer qu’elles ont du répondant et qu’elles savent susciter l’émotion comme au premier jour… tout en raflant au passage un singulier paquet d’oseille. Faut-il donc que nous adoubions ces tournées du souvenir, ces odes aux spectres du passé, ces plongées nostalgiques et presque infantiles dans notre adolescence révolue ? À voir.Afficher l'image d'origine

Profitons d’ailleurs de ces quelques lignes pour répondre à l’odieux papier de Mr Marc-Aurèle Baly, journaliste aux Inrocks qui, du haut de sa chaire, s’est fait un malin plaisir de répandre son venin sur les Guns N’ Roses à l’heure où Axl Rose et Slash semblent enfin avoir enterré la hache de guerre. Visiblement plus traumatisé encore que d’autres par la figure christique de Kurt Cobain au point de faire de 1991, date de naissance de Nevermind, l’an 0 du rock n’ roll. Ressassant l’éternel laïus concupiscent de l’”authenticité”, seule voie de salut des groupes appartenant à l’ère post grunge. Et concluant son argumentaire d’un sidérant : “vingt ans plus tard, la musique et la proposition générale (des Guns N’ Roses) sont devenues absolument aberrantes et impossibles à apprécier pour n’importe quel auditeur né après 1991”. Gosh. Et ça continue fort en fin d’article : “On ne se mouille pas beaucoup en affirmant cela, mais on doute fort qu’un revival hair metal puisse arriver un jour, ou qu’un kid du troisième millénaire soit pris d’une inspiration soudaine en découvrant les albums Appetite for Destruction ou Use Your Illusion 1 & 2 (alors que ce phénomène est encore envisageable avec les premiers disques d’un groupe aussi antédiluvien que, disons, les Rolling Stones)”. Amusant quant on sait que Rose est un grand fan des Stones, m’enfin passons.

 

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Si Mr Baly voit davantage de Led Zeppelin que d’Aerosmith chez les Guns, c’est son problème. S’il affirme, sans le détailler d’ailleurs, que Led Zeppelin a accouché d’une prolifique descendance, ça le regarde - et la réalité, quand on y regarde de plus près, est bien éloignée de ce postulat lapidaire. Et s’il est persuadé qu’Appetite for Destruction a perdu, par un miraculeux coup de baguette magique cobainien, tout son sel, c’est son droit. Le propos est aberrant, mais après tout, nous sommes en démocratie. Même si on attendrait certainement d’un journaliste “pro” un peu plus de rationalité et d’argumentaire dans l’un de ses articles, plutôt qu’un simple empilement de lieux communs en adéquation avec la préséance de la rock critic la plus galvaudée. Cobain, paix à son âme, haïssait les Guns : faut-il pour autant prendre chacun de ses ressentis comme parole d’évangile ? N’est-il pas possible d’imaginer qu’un kid du troisième millénaire puisse détester Nirvana et se repaître des Use Your Illusions ? N’en aurait-il pas le droit ? Faut-il encore qu’en 2016, des pontes thuriféraires dictent leur (bon) goût à des ouailles forcément incultes et incapables de faire leurs propres choix tout en conspuant ceux qui n’ont pas le chic de correspondre à leurs insurpassables dogmes ?

 

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N’en déplaise aux Inrocks - qui, soit dit en passant, ont courageusement supprimé la possibilité, pour les internautes, de réagir à leurs publications - le hard rock, certes pas le glam mais tout de même, connaît actuellement une fort belle santé par le biais d’un revival enflammé à défaut d’être immensément novateur. Ne leur en déplaise, il y a certainement de la place pour tout le monde dans la discothèque de chacun. Ne leur en déplaise, on peut aimer Nevermind ET Appetite For Destruction tout en méprisant Exile On Main Street ou, au hasard, Raw Power (bon, c’est vrai, c’est dur) et Kick Out The Jams. On peut vouer un culte à Pink Floyd et à Black Sabbath - si si, c’est possible - et mettre sur la touche les New York Dolls et les Ramones. Plus largement, on peut reprocher des caisses de choses aux Guns, leur ego  démesuré, les insupportables travers autocratiques et mégalomaniaques d’Axl, leur complaisance à se vautrer dans leur propre image. Mais on ne peut pas leur ôter d’indéniables chefs d’oeuvre, au rang desquels la totalité d’Appetite qui, presque trente ans plus tard, n’a pas pris une ride et s’écoute toujours avec une coupable jubilation.

 

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Alors évidemment, le prétexte à tout ce fiel tient en cette fameuse, en cette médiatique reformation que l’on espérait plus, en cette réconciliation de raison - et de gros sous. Mais quoi : a-t-on entendu pérorer dans les chaumières lorsqu’Iggy a renoué avec des Stooges dont il se passait pourtant très bien depuis trois bonnes décennies ? Des cris d’orfraie ont-ils été poussés à l’annonce que Pete Townshend et Roger Daltrey se sont remis en ménage ? Que les Mars Volta et Sparta ont à nouveau fusionné en At The Drive-In ? Que les Rage Against The Machine ont renoncé à tous leurs idéaux anti-capitalistes pour s’allonger sur un matelas de dollars bien moelleux ? Plus encore, que les Libertines sont renés de leurs glorieuses cendres, plus clean et (bien) moins inspirés qu’avant ? Que les Stone Roses, même eux et malgré la brièveté de leur existence, ont cédé aux sirènes du dieu livre sterling ? Bien sûr que tout est histoire de pognon, pour tout et tout le monde. Ainsi va le business du rock. La demande est tellement forte que tout devient possible, à condition d’y mettre le prix. Ainsi voit-on d’authentiques macchabées des platines revenir à la vie par le truchement d’impresarios filous et pleins aux as, prêts à resservir leur bonne parole à des foules en adoration face à de tels miracles. Point d'idolâtrie pour autant, ce qui serait un comble dans un monde qui ne connaît pour ainsi dire plus la divinité. Toutes choses égales par ailleurs, peut-on reprocher à nos anciens de vouloir, le temps d’un concert et quitte à y laisser une bonne partie de leurs économies, communier à nouveau à leurs désirs, aspirations et espoirs d’adolescence ? Même s’ils savent, au fond d’eux-mêmes, que ce qui se déroule sous leurs yeux appartient à un passé révolu, éphémèrement ressuscité avant de retourner à sa sainte naphtaline ?

 

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Oui, il y a quelque chose de diablement excitant dans le fait de revoir encore sur les mêmes planches le bandana d’Axl et le haut de forme de Slash, la crinière de Zach de la Rocha et la casquette de Tom Morello, la veste militaire rouge de Carl Barât et le couvre-chef de Pete Doherty. Mais ce serait oublier que le passé appartient au passé et que le futur s’écrit maintenant. On aura bon dos de chercher un jour à revoir en concert les White Stripes - ce qui ne risque pas d’arriver - ou Oasis - ce qui, à l’inverse, est on ne peut plus probable. Avant de devenir des idoles immortelles, toutes ces rock stars n’étaient que de simples musiciens, des types qui ont écumé les scènes du monde entier et qui ont cherché à distiller leur bonne parole par la force de leur talent et de leurs coups de poignets. On peut toujours claquer deux billets de cent euros pour aller voir papy Jagger cabotiner avec tonton Richards, mais n’oublions pas que les futurs Rolling Stones, les futurs Beatles, les futur Guns sont peut-être déjà là, sous nos yeux, prêts à entamer leur inexorable ascension. Revivre un soupçon d’histoire révolue, goûter à un rêve auquel on n’a pas pu, ou pas voulu, participer en temps et en heure, pourquoi pas. Mais vivre l’histoire au moment où elle se passe, voilà une mission des plus exaltantes, certes pas toujours couronnée de succès, mais en tout cas à la portée de tous. Il suffit simplement de le vouloir. Les tenants du “c’était mieux avant” peuvent bien sucer leurs vieilles tétines : le rock reste avant tout l’apanage de la jeunesse, de celle qui ne se pose pas encore de questions, qui sait rester accessible et à visage humain. Laissons donc les dieux à leurs stades.

 

Commentaires
Julianko, le 21/09/2017 à 11:41
Merci aussi. Ce Marc-Aurèle a un grand problème. Et comme il le dit sur son intervention sur BFM: "Honnêtement, [...] les inrocks et moi même, on tire rarement sur les artistes qu'on n'aime pas" ... Bah voyons, et encore moins quand gratuit ! Les Inrocks, c'est comme skyrock: ils n'ont de rock que le nom.
T., le 04/08/2016 à 23:36
Merci...