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Critique d'album

Peter Doherty


Grace/Wastelands


(11/03/2009 - Parlophone Records - Sex, drugs & rock n' roll - Genre : Rock)
Produit par Stephen Street

1- Arcady / 2- Last of The English Roses / 3- 1939 Returning / 4- A Little Death Around the Eyes / 5- Salome / 6- I Am the Rain / 7- Sweet By and By / 8- Palace of Bone / 9- Sheepskin Tearaway / 10- Broken Love Song / 11- New Love Grows on Trees / 12- Lady Don't Fall Backwards
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Peter Doherty dévoile son visage musical le plus intègre"
Julien, le 05/01/2021
( mots)

Pourquoi avoir choisi « Peter » Doherty plutôt que « Pete » comme nom d’artiste ?
Tout simplement parce que c’est celui qui est écrit sur mon passeport.
Si la question posée par la journaliste et la réponse de l’intéressé semblent tout à fait anodines, la portée symbolique de ce naming ne l’est absolument pas. 


Lorsque Doherty publie, en 2009, son premier effort en solo : Grace/Wastelands, on raconte tout sur “Pete” : les abus de drogues, ses allers et retours en prison, les annulations de concerts, sa relation avec la mannequin Kate Moss… Voilà où s’arrête l’intérêt des tabloïds qui n’ont aucune considération pour “Peter” : l’artiste maudit, féru de littérature et parolier hors-pair. Pour la première fois le toxique poète d’Albion va dévoiler son visage artistique dans tout ce qu’il a de plus intègre pour enfin être reconnu par son art et non plus uniquement pour ses frasques. 


Aussi surprenant que cela puisse paraitre, cette honnêteté musicale Doherty la cultive depuis ses débuts en musique. En effet, avant de devenir la tornade punk qui déferlera sur l’Europe, les débuts de The Libertines sont musicalement à mille lieues du son qui va faire leur renommée. Carl Barat et Peter Doherty interprètent des chansons en acoustique dans un style Dylanesque puisant allègrement dans le registre mélancolique conté par leurs auteurs favoris, Oscar Wilde en tête.
L’objectif de l’époque étant de faire des quatre lads la réponse Anglaise à The Strokes, avec le succès que l’on sait , il faudra l’intervention d’un tiers manager pour réorienter le quatuor vers la forme sonore qu’on leur connait aujourd’hui.
Ce sera le premier accro pour un Peter Doherty qui ne s’est jamais totalement retrouvé stylistiquement dans l’interprétation des “What A Waster” et autres “Horror Show”. Lui souhaiterait revenir au registre du début ce qui n’arrivera bien évidemment pas. Son âme sœur Carl Barat ne l’a jamais soutenu non plus dans cette démarche. Peut-être avons-nous trouvé ici le terreau de la tumultueuse relation entre les deux têtes pensantes du quartet qui débouchera sur la dissolution du groupe.
Doherty forme alors Babyshambles. Leur second album : Shotter's Nation -le meilleur de toute l’œuvre Dohertienne (pour l’auteur de cette chronique)- va former un instant capital dans la genèse du disque qui nous intéresse aujourd’hui. Il est le point de rencontre avec le génial producteur Stephen Street. C’est à lui que nous devons les claques « tubesques » que sont “Delivery” et “You Talk”. Il ne s’arrêtera pas là, emmenant Doherty dans des contrées sonores plus exotiques comme le jazz ou le reggae. Surtout, Street semble totalement en phase avec les intentions musicales du chanteur Anglais comme on peut l’entendre avec le magnifique travail effectué sur un titre intégralement acoustique, le splendide et troublant “Lost Art of Murder”. Peter Doherty a trouvé en Stephen Street le parfait arrangeur, celui qui est capable de donner vie à sa musique telle qu’il l’a toujours voulue. Avec ce producteur à ses côtés, “Pete” est enfin prêt à devenir “Peter”. L’heure est venue d’enfin insuffler la vie à ses vieux titres issus de la genèse de The Libertines, de plonger son public dans l’atmosphère des époques du passé qui l’inspirent tant. 


Travailler en studio avec Doherty doit être un véritable calvaire, une forme de prix à payer pour faire jaillir la magie contenue dans son approche ultra rudimentaire (et paresseuse) de la composition.
Un sentiment confirmé suite à une interview donnée à Taratata lors de la promotion de Grace/Wastelands. Peter nous explique que la maison de disque lui demande un titre supplémentaire que bien sûr il n’a pas : en toute désinvolture il déclare pourtant avoir, une nouvelle chanson : “Sweet By and By” et revient le lendemain avec des bouts d’enregistrements faits avec son téléphone portable (on est en 2009 je vous rappelle !). Le résultat final de ce titre est une œuvre rétro jazz, typée piano bar et du plus bel effet. Un titre qui résume à lui seul la complexité du travail de production mais qui démontre tout le talent et l’ingéniosité de Stephen Street. S’il fallait s’en convaincre, on s’arrêtera sur “Salomé” : un morceau d’une douceur désarçonnante, pareil à la dernière flamme d’une bougie tentant de survivre dans une pièce toute habitée par le froid.
Impossible de savoir si le titre “1939 Returning” a été donné avant ou après son enregistrement, toujours est-il que le retour musical dans le temps est immédiat et saisissant, l’instabilité dans la voix de Doherty dépeint à merveille les tumultes de l’époque dont est tiré ce morceau.


Non content d’une production léchée, Peter Doherty a l’excellente idée de demander le soutien du guitariste de Blur : Graham Coxon pour les sessions d’enregistrements. Ce dernier apporte la touche technique qui sublimera le magnétisme des atmosphères distillées tout au long des 11 pistes de l’album. Une juxtaposition radieuse comme on peut l’entendre au travers des arpèges qui accompagnent le titre d’ouverture “Arcady” : l’exquis mariage de l’application et de l’à peu près. La maestria de Coxon s’impose également dans les sons de l’électrique en apportant la touche rock de ce Grace/Wastelands sur la chanson “Palace Of Bone”. 


Peter Doherty se met à la hauteur de ses comparses en proposant ici toutes les facettes de l’art lyrique : son domaine de prédilection. On passe par des instants de romantismes touchants au sein de la délicate balade “Lady Don’t Fall Backwards” : “Lady dont fall backwards. Come on and fall into my arms” – “Demoiselle ne tombe pas en arrière. Viens, tombe dans mes bras” –   sans oublier l’autodérision assumée sur “Sweet By and By” : “Everywhere I go people say : who’s that funny guy ? All he does is hangs and cry” – “Partout où je vais, les gens disent : qui est ce drôle de mec ? Tout ce qu’il fait c’est tomber par terre et pleurer”.
Que dire enfin de “I Am Rain” ? Son auteur atteint la perfection dans sa maitrise de la métaphore : celle-ci accordant sa progression à une évolution rythmique imparable pour en faire l’une des œuvres majeures du disque. Parmi les autres temps forts de ce premier effort solo de Peter Doherty, on retiendra le final épicurien de “A Little Death Around The Eyes” (et son texte écrit en collaboration avec sa moitié Carl Barat) ou le duo avec la chanteuse Dot Allison : “Sheepskin Tearway” d’une déconcertante fragilité. Enfin “Broken Love Song”, titre composé par le dénommé Wolfman, l’un des amis les plus « stupéfiant » du dandy britannique, s’impose comme l’une des meilleures compositions de toute la discographie de Doherty : il s’en dégage une saisissante alchimie entre le texte débité par un Doherty totalement habité, mené sur le front par un piano d’une force sans égale, le tout ponctué par une ascension progressive vertigineuse. 


Avec en éclaireur l’imparable single “Last Of The English Roses”, Peter Doherty réalise ici le disque le plus sincère et personnel depuis le début de sa carrière. Il lui aura donc fallu pas loin d’une dizaine d’années pour matérialiser son détachement avec le peu flatteur Pete tant aimé des tabloïds de seconde zone. Conscient de ses faiblesses, le toxique poète d’Albion aura eu le bon goût de s’attacher les services de Graham Coxon et de Stéphane Street qui, tout au long de Grace/Wastelands auront su soutenir et appuyer les douces intentions que personne n’attendait de l’ex-Libertines. Personne, sauf lui-même. 

Commentaires
Rodeo, le 05/01/2021 à 20:56
Un goût de trop peu ????????