↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Beatles


Rubber Soul


(03/12/1965 - EMI - Culte - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Drive My Car / 2- Norwegian Wood (This Bird Has Flown) / 3- You Won't See Me / 4- Nowhere Man / 5- Think For Yourself / 6- The Word / 7- Michelle / 8- What Goes On / 9- Girl / 10- I'm Looking Through You / 11- In My Life / 12- Wait / 13- If I Needed Someone / 14- Run For Your Life
Note de 5/5
Vous aussi, notez cet album ! (60 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 5.0/5 pour cet album
"6 ème album dans lequel les Beatles mettent un pas dans le psychédélisme."
Maxime, le 08/01/2006
( mots)

Chose amusante quand on lit des ouvrages consacrés aux Beatles : les exégètes voient un nouveau cycle s’achever ou naître pratiquement à chaque album. Sans verser dans le métalangage hystérique, il est toutefois évident que sans Rubber Soul, il n’y aurait pas eu de Revolver dans la forme qu’on lui connaît. Pas de moustaches et de vestes multicolores sans être au préalable passé par les coupes au bol. Il suffit de regarder la pochette et de la comparer, ne serait-ce qu’à Beatles For Sale paru l’année précédente pour s’apercevoir que les choses ont changé chez les Fab Four. Les mines sont plus graves, plus mûres, et le cliché prend la fameuse courbure, trucage bricolé par hasard et conservé par le groupe, histoire d’illustrer son âme de caoutchouc. Si le monde des petits gars de Liverpool n’est pas chamboulé de fond en comble (l’heure n’est pas encore aux audaces stylistiques d’un "Tomorrow Never Kows" ou d’un "A Day In The Life"), il a en effet pris des formes, s’est arrondi.

On peut trouver plusieurs causes à cette évolution, sans qu’une prime l’une sur l’autre. Tout d’abord, le groupe maîtrise à la perfection l’écriture des chansons (toute personne sceptique sur ce point est priée d’écouter "You’ve Got To Hide Your Love Away" ou "Yesterday") au point de commencer à tourner en rond dans cette formule du sacro-saint couplet-refrain-couplet-refrain-pont et de vouloir la pousser à bout. D’autre part, les musiciens font la connaissance de nouveaux outils de travail : Harrison découvre le sitare pendant le tournage de Help ! aux Bahamas (voir "Norwegian Wood"), Mac Cartney expérimente les possibilités de la basse fuzz tandis que Lennon tombe sous le charme du folk de Bob Dylan, commençant à entrevoir le pouvoir politique que peut porter une chanson pop. Du nouveau son pour de nouvelles aspirations. Ensuite, le groupe, déjà grand consommateur de hash, découvre les drogues psychédéliques et notamment le LSD qui déforme, enjolive et colore leurs perceptions. Contrairement aux albums précédents, Rubber Soul n’est plus envisagé comme une collection de singles plus ou moins probables mais comme une entité propre, avec ses mouvements et ses évolutions. On est encore loin du concept album, mais l'ensemble est pensé comme un tout homogène, ce qui marque déjà une émancipation dans la trajectoire de la formation.

Qu’on ne s’attende pourtant pas à un feux d’artifice sonore et des expérimentations tous azimuts. Les choses sont amorcées, mais pas encore enclenchées. Nous n’en sommes pas encore à passer des riffs de guitare à l’envers comme dans "I’m Only Sleeping". Ne brûlons pas les étapes. Certes, en apparence, la pop des Fabs reste la même. Pourtant, en prêtant un peu plus d’attention, on remarque que les paroles sont plus graves et moins niaises qu’avant. L’heure n’est plus aux "Elle t’aime, ouais, ouais, tu devrait être content d’être aimé comme ça"…mais plutôt aux relations ayant pris un coup dans l’aile ("You Won’t See Me", "What Goes On", "I’m Looking Through You"). Lennon et Mac Cartney connaissaient à l’époque de grandes difficultés conjugales, ceci expliquant peut-être cela. Le ton est même nostalgique sur le poignant "In My Life". Les textes sont parfois retords, invitant à chercher un sens caché sous leur surface ("Drive My Car", "Norwegian Wood"). C’est aussi le premier album des Beatles où toutes les chansons ne parlent plus explicitement d’amour ("The Word"). Mac Cartney s’essaie au français ("Michelle") tandis que Lennon se lance dans des complaintes déguisées ("Nowhere Man").

Il serait pourtant injuste de considérer uniquement Rubber Soul comme l’instigateur de la révolution psychédélique des Beatles. C’est avant tout un magnifique recueil de chansons douces-amères où le folk côtoie la pop sixties, le grave le léger. Un compagnon fidèle pour tout amateur de belles choses.

Commentaires
Arbitre, le 24/09/2020 à 23:44
Le critère "psychédélique/pas psychédélique" importe peu. Ce qui compte, c'est l'évolution du groupe en termes musicaux et lyriques. Et de ce point de vue, il y a rupture totale avec ce qui était fait avant. La façon de jouer de la guitare rythmique, l'introduction de riffs (la première fois, c'était avec "I feel fine", puis "Ticket to ride"), la mise en avant de la basse, fait qu'on se situe dans l'évolution prise par la musique noire américaine au milieu des années 60. Qu'on se souvienne par exemple du "Reach out I'll be there" des Four tops, bien que sorti en 1966, qui illustre cette évolution (j'aurais pu aussi citer "Be my baby" des Ronettes). Les Beatles, depuis leurs débuts, n'ont jamais cesser de s'inspirer de ce qui se faisait aux USA, à la fois du côté blanc (Everly brothers, Buddy Holly) et du côté noir (Chuck Berry, Little Richard, etc ...). Et en 1965, c'est du côté noir qu'ils ont puisé pour rendre leur musique plus groovy. Résultat : "The word", "You won't see me", "Drive my car". Avant, on grattait la guitare rythmique, on faisait un solo en milieu de morceau, et on avait une basse pour combler les vides. Maintenant, tout est équilibré : une basse avec du caractère, une rythmique syncopée, des riffs de guitare et des solos plus inspirés. C'est ça, Rubber Soul. Bien entendu, et pour la première fois dans la carrière des Beatles, les paroles deviennent intéressantes. C'est sans doute ça qui a le plus influencé Brian Wilson dans "Pet sounds". Mention particulière à George Harrison pour "If I needed someone", morceau qui lui a valu une certaine respectabilité en tant qu'auteur. "Rubber soul" est un jeu de mots sur "rubber sole" (semelle en caoutchouc). Très bon album, qui aurait été encore meilleur s'il avait inclus "We can work it out" et "Day tripper", sortis en 45 tours peu avant l'album.