
Japandroids
Celebration Rock
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1- The Nights Of Wine And Roses / 2- Fire's Highway / 3- Evil's Sway / 4- For The Love Of Ivy / 5- Adrenaline Nightshift / 6- Younger Us / 7- The House That Heaven Built / 8- Continuous Thunder


Si  vous lisez un tant soit peu la presse spécialisée ou si vous écoutez  quelques radios qui ne rechignent pas trop à passer du rock (et elles  sont rares), vous n’avez pas pu les manquer. De Dunkerque à Melbourne,  on ne parle que d’eux, de leur punk attitude et de leur boulimie de bruit et  de fureur. Japandroids vient de pondre un  deuxième album qui a reçu partout sur la planète un accueil plus  qu’enthousiaste. A raison.
Ces  natifs de Vancouver prouvent qu’on peut avoir le sang chaud dans cette  ville aussi pluvieuse et froide que sa voisine Seattle, même si, par un  curieux transfert énergétique, leur rock enfiévré évoque plutôt la  perfide Albion que l’Oncle Sam. On retrouve en effet chez eux le mordant  et la fougue des Clash, l’attrait pour les décibels anarchiques  des Jesus and Mary Chain ou encore la morgue glandeuse et hédoniste  d’Oasis. Marrant que les médias aient autant loué les Vaccines  l’an dernier quand on se rend compte que les Japandroids font autrement  mieux, sur tous les tableaux et grosso modo dans le même style. Alors  que l’idée de Brian King et de David Prowse était de sortir un album  éclair et de splitter aussi sec derrière, écoeurés qu’ils étaient devant  la difficulté de percer au Canada, c’est le  phénomène inverse qui s’est produit alors que le nihiliste Post-Nothing  se taillait un joli succès dans les circuits indés. L’état d’esprit de  ces survivants, aujourd’hui, n’est plus vraiment le même : place au rock  n’ roll festif, terme tellement galvaudé en France qu’on aurait  tendance à en rire jaune. Bah oui ma bonne dame, en France, comme on ne  sait pas faire de rock digne de ce nom, on fait dans la déconne ska ou  l’électro-rock bordelique (on ne citera pas de noms, mais on les connaît  tous). Ici, le qualificatif festif reprend tout son sens : on fait  pêter les feux d’artifice (en début et en fin d’album), on braille à  tue-tête des slogans joyeux, on ahane des "oh oh oh" à s’en faire  claquer les cordes vocales, et on enrobe le tout avec une batterie  allumée et des guitares gueuleuses. Celebration Rock, un nom qui veut tout dire.
Et  de fait, voilà un disque qui secoue sérieusement, débordant d’énergie  punk et de rock noisy décomplexé, mais confirmant surtout un duo  impeccable en terme d’attitude. Il y a dans ce garage plus de  mordant et d’envie que les Strokes n’en auront jamais. Le deuxième  album des androïdes japonais nous envoie en pleine face huit chapelets de bombes expédiées en à  peine plus de 35 minutes. Ca joue fort, décomplexé, avec les tripes et  avec le coeur. Aucun temps mort n’est à déplorer, et l’on aura de cesse  de se repasser régulièrement ces morceaux regorgeant d’énergie juvénile  explosive ("The Nights of Wine and Roses"), aux tempos joyeusement  débridés ("Fire's Highway") ou qui ressuscitent les vieux punk-rockeurs  de la grande époque ("For the Love of Ivy", reprise dévoyée du Gun  Club). Ailleurs, on reste estomaqué devant l’ire de guitares puissantes  et mélodieuses ("Evil's Sway"), aussi accrocheuses que rebelles  ("Adrenaline Nightshift") et qui offrent au post-shoegaze son plus bel  écrin ("Younger Us", tout en adrénaline, ou "Continuous Thunder", plus  posé et démonstratif). Mais c’est encore "The House That Heaven Built"  qui casse tout sur son passage, réunissant en son sein une vraie chanson  de jeunesse hurleuse constellée de choeurs naïfs au son d’une batterie  redoutable. Damn It, ça, c’est du rock n’ roll !
Il  ne manque franchement pas grand chose aux Japandroids pour aller encore  plus loin. Le principal tort que l’on pourrait reprocher à ce disque  serait son inconstance en terme de mélodies. Difficile de chanter à  tue-tête les trois pauvres notes constituant le chant de "The Nights of  Wine and Roses" ou de "Evil's Sway" sans effectuer un sérieux effort  d’appropriation, acte d’autant plus dommageable qu’en terme de  six-cordes, les partitions s’avèrent largement acceptables. Moyennant  quoi on se tient là devant un album haletant, jouissif et foutrement  sympathique, un putain d'album de rock à côté duquel il serait  dommage de passer. Et pour goûter au phénomène en live, il faudra  patienter jusqu’au premier novembre au Pitchfork Music Festival de La  Villette. Compte tenu de la morosité ambiante, il  serait dommage de les manquer.






















