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Critique d'album

Frank Zappa


Apostrophe (')


(22/03/1974 - Discreet - Rock, jazz, avant-garde - Genre : Rock)
Produit par Frank Zappa

1- Don't Eat The Yellow Snow / 2- Nanook Rubs It / 3- St. Alfonzo's Pancake Breakfast / 4- Father O'Blivion / 5- Cosmik Debris / 6- Excentrifugal Forz / 7- Apostrophe' / 8- Uncle Remus / 9- Stink-Foot
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Un Zappa au poil !"
Franck, le 13/07/2024
( mots)

Après une trilogie jazz-rock aussi étincelante que dispendieuse, Frank Zappa avait dû se résigner à revoir sa formule, dissolvant l’orchestre du Grand Wazoo pour revenir à des contrées musicales plus conventionnelles. L’opus Over-Nite Sensation (1973) marquait ainsi un nouveau départ, plus accessible mais aussi plus sulfureux, permettant au guitariste moustachu de revenir sur le devant de la scène. En découle, une des périodes les plus fastes de l’artiste américain, considérée par bon nombre comme l’âge d’or des Mothers Of Invention. Digne représentant de cette période, Apostrophe (‘) constitue à ce titre un passage obligatoire pour le néophyte.


Si Zappa n’a jamais fait dans la demi-mesure, il est important de noter qu’il trouve, à travers ce quatorzième album, un certain équilibre entre accessibilité d’écoute et ambition de composition. Les quatre premiers morceaux forment ainsi une improbable fresque baroque, riche en rebondissements et en explorations sonores en tout genre. Enjouée, déjantée et terriblement aguicheuse, cette première partie parvient à concilier toute l’audace et le savoir-faire des musiciens qui y œuvrent, rendant l’écoute d’autant plus vivante et évocatrice, à la manière d’un story-board dépeignant un récit aussi improbable que captivant. L’album est d’ailleurs construit comme une narration des aventures de Nanook l’Esquimau, un film de Robert Flaherty réalisé dans les années 1920... Une idée saugrenue sur le papier (associé à un humour toujours aussi graveleux : "Don't Eat That Yellow Snow"), mais qui donne finalement une ligne directrice aux différentes excentricités de l’artiste américain. On retrouve ainsi la patte de Frank Zappa distillée de manière plus pertinente et équilibrée : les phases de parlé-chanté s’avèrent moins intrusives que sur l’opus précédent, l’aspect théâtral (et un brin cartoonesque) participe à un découpage plus lisible des différentes compositions, et la simplification des structures mélodiques permet d’apprécier à leur juste valeur les sections instrumentales les plus virevoltantes.


Si l’approche générale est plus classique, la variété instrumentale n’en reste pas moins impressionnante, portée par des collaborateurs de longue date de Zappa (Aynsley Dunbar, George Duke, Sal Marquez, Jean-Luc Ponty, Ian Underwood …) qui bénéficient cette fois-ci d’une structure plus aérée pour laisser exprimer leur talent : les cuivres chaleureux qui s’opposent à un subtil jeu d’échos sur "Nanook Rubs It", une batterie toujours aussi démente sur "St. Alfonzo's Pancake Breakfast", ou encore l'exotisme revigorant de toute une panoplie de percussions (assurée par une Ruth Underwood au sommet de son art) qui apporte toute sa singularité à l’album.


L’album impressionne également par tout ce qu’il évoque. Si certains passages nous ramènent à des influences de l’époque (certaines sections établissant une passerelle assez évidente vers le répertoire de David Bowie), d’autres se révèleront beaucoup plus avant-coureurs à l’image d’un chant à la limite du rap sur "Father O'Blivion", ou encore d’une fusion des genres qui préfigurerait presque les bases esthétiques d'un groupe comme Vampire Weekend. Beaucoup plus rock dans sa deuxième partie, Apostrophe (‘) se montre également en avance sur son temps avec des riffs largement exploités par The Black Keys, et autres groupes assimilés, plusieurs décennies plus tard ("Cosmik Debris"). Après avoir bousculé les codes du jazz, Zappa démontre qu’il n’a finalement pas grand-chose à envier à ses contemporains quand il s’agit d’arpenter les terres du rock. Le combo "Excentrifugal Forz" / "Apostrophe (‘)" marque ainsi les esprits par la diversité de choses qu’il propose, avec en clou du spectacle un impressionnant solo de guitare mené de main de maître par Zappa.


Vous l’aurez compris, Apostrophe (‘) est un opus de choix au sein de la riche discographie de Frank Zappa. Une œuvre qui ne paye pas de mine avec ses 35 minutes au compteur, mais qui retranscrit finalement le mieux le génie créatif du bonhomme, et son impact durable, encore évident 50 ans après sa sortie. Étonnamment accessible, cet album de 1974 reste le plus grand succès commercial de l’artiste américain, témoignage de sa capacité à marier complexité musicale et attrait populaire.

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