Daran

Avec "Pêcheur de pierres", Daran ajoute encore un opus à sa discographie. 3 albums déjà, et même cinq si l'on compte les deux albums (dont l'excellent "8 barré") réalisés avec la formation Daran et les chaises.
Certe, un nouvel album de Daran n'est pas un évenement national, mais c'est bien dommage car sa place dans la scène française est maintenant incontestable. A coup de discrets tubes et d'albums plus qu'efficaces, il a su imposer son style. Et personnellement, j'aime tellement ce style, que j'éxige presque que Daran ne fasse que du Daran. Egoïste ? Oui.

Ça commence plutôt mal avec la première chanson de l'album, qui n'a rien à voir avec du Daran. "La pop music" est un titre qui se moque des titres un peu faciles que l'on trouve dans la variété, et joué avec les ingrédients de ces mêmes titres (sauf les paroles). Etonnant d'ailleurs de trouver cette chanson quand on sait que Daran a signer la musique de 4 chansons du dernier album de Florent Pagny (Bon d'accord, c'est loin d'être le pire). Et même si le message est intéressant, le résultat fait un peu peur (surtout au niveau du refrain) et peut forcer même les plus fans à commencer par le deuxième morceau.

Ce qui suit est beaucoup plus rassurant. On retrouve enfin Daran, avec des paroles beaucoup plus poétiques, à la fois tristes, joyeuses ou énervées qui survolent une musique très éléctrique, voir planante. Le premier tube issu de cet album est rangé en troisième position. "Une sorte d'église" excelle dans les paroles. Avec de bien jolies métaphores, l'amouuuuuur c'est beau. On a même le droit à la fin, à une envolée guitaristique plutôt bien foutue.
Comme sur les précédents albums, les rythmes sont très variés de titres en titres, et on retrouve ces chansons aux paroles révoltés qui dénoncent les inégalités ou la société ("J'en ai marre", "Santé sécurité", "Train Quotidiens" ...). Par contre, certaines chansons on l'air bien plus personnelles, et son du coup bien plus énigmatiques ("Gyrophare", "Casse-tête").
Miossec signe les paroles du très enjoué "L'amour et l'air", encore un titre qui parle d'amour. Autre étrangeté sur cette album, la reprise de "Avec le temps", le texte de Léo Ferré dans une version plutôt sombre. Chant au ralentit sur fond de musique bizarre, noyé à une douce ligne électro et une guitare complètement torturée; si vous trouviez que la version originale était déjà assez triste, alors trouvez vite une poutre et faites-y un noeud coulant avant d'entamer celle-là.

Au final on a un véritable bon album, dans la ligné de son précédent "Augustin et Anita", qui tournera sur la platine jusqu'à plus soif. Et enfin sortira le 4e album, et rebelote ... Une chose est sur, Daran ne deviendra jamais une star (quoi qu'en faisant les premières parties de Pagny, on sait jamais !), et c'est tant mieux, car la force d'un artiste comme celui-ci, c'est aussi cette sensation d'intimité, jusqu'à penser qu'on est des privilégiés, de connaître et d'écouter ses albums. Eh ! Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas les acheter !!!