
Miles Kane
Colour of the Trap
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1- Come Closer / 2- Rearrange / 3- My Fantasy / 4- Counting Down the Days / 5- Happenstance / 6- Quicksand / 7- Inhaler / 8- Kingcrawler / 9- Take the Night from Me / 10- Telepathy / 11- Better Left Invisible / 12- Colour of the Trap


Trouvera, trouvera pas la façon la plus idéale de mettre en valeur ses  qualités de petit prodige du songwriting british ? Il est un fait que  Miles Kane connaît un parcours pour le moins atypique au sein de la  scène rock anglaise. On le découvrait tout d'abord tel un parfait  inconnu aux côtés d'Alex Turner au sein des Last Shadow Puppets, et  on suivait ensuite avec un certain intérêt les débuts de ce qui devait  être son moteur principal, The Rascals. Si The Days Of Understatement démontrait de jolies intentions mélodiques, intentions que l'on a  bien vite prêtées à Kane face au frontman des Arctic Monkeys (un groupe  qui n'avait, jusqu’à ce jour, jamais brillé par son sens du tube pop),  la sortie de Suck It And See nous prouvait a posteriori qu'Alex  Turner savait bel et bien faire preuve d'un certain don d'écriture. A  l'opposé, on restait mitigé devant le caractère brouillon et tarabiscoté  de Rascalize, le split de ses géniteurs venant d'ailleurs  entériner leur fausse route commune. C'est face à ce sentiment dual que  vient se positionner Colour Of The Trap, véritable déclaration  d'intention de Kane à l'égard d'un public qui a pu saisir, ça et là, un  talent jusqu'ici dilué au sein de projets collectifs.
Plutôt que  de chercher à s'inscrire dans un compromis au sein d'un troisième combo,  Mile Kane nous livre ici, de façon assez paradoxale, un album solo en  forme de groupe de rock fantasmé, un groupe dont il aurait pu maîtriser  chaque détail de mise en forme sans devoir verser dans la moindre  concession vis-à-vis de ses partenaires. Le résultat, c'est tout d'abord  "Come Closer", le tube le plus évident de l'année 2011 outre Manche, un  morceau terriblement accrocheur qui allie sans coup férir mélodie  populaire alerte et riffs énergiques, la preuve par A + B qu'il est  encore possible de truffer ses refrains de "Ahahahahahah - Ohohohohohoh"  sans sombrer dans le ridicule. La suite de l'album nous montre un  chanteur sûr de lui, à la voix morveuse et à la diction ferme, et  surtout un mélodiste appliqué qui sait parfaitement pondre des airs  mémorables ("Rearrange", touchant et magnifique) et du rock n' roll  plein de fougue juvénile ("Quicksand", "Inhaler", tous deux  impeccables). L'ombre des Last Shadow Puppets ne se trouve jamais  loin ("My Fantasy", léger et symphonique, ou encore "Happenstance" en  duo avec la mimi Clemence Poesy), tandis qu'ailleurs Kane s'essaye à un  psychédélisme pop bon enfant qui reste en adéquation avec cette couleur  musicale ("Counting Down The Days"). Foncièrement, la première partie de  l'album ne souffre d'aucune critique majeure. C'est ensuite que ça se  gâte un peu, certains titres se révélant au mieux modestement inspirés  ("Kingcrawler", inutilement redondant avec ses faux airs de Sergio  Leone), au pire inoffensifs ("Take The Bight From Me", "Colour Of The  Trap"). D'autres morceaux, enfin, rappellent un peu trop les Monkeys de  Sheffield (surtout "Telepathy"), ce qui ne semble pas étonnant quand on  constate qu'Alex Turner est crédité comme co-auteur de six morceaux sur  douze. Voilà un détail qui ne va pas nous aider à clarifier la position  de Miles Kane comme compositeur à part entière...
Et c'est là-dessus  que l'on conclura : les accointances évidentes qui existent entre Kane  et Turner nous laissent espérer la naissance et l'ascension d'un nouveau  duo de songwriters, de l'un de ceux qui seraient capables, pourquoi  pas, de venir bousculer la paire Lennon - McCartney presque cinquante  années plus tard... même si le chemin à parcourir reste bien long. On  sait d'ores et déjà, de façon instinctive, que cette collaboration  pourrait se révéler des plus fructueuses au sein d'un authentique groupe  de rock n' roll, ce qui revient à évoquer l'hypothétique incorporation  de Miles Kane en tant membre permanent des Arctic Monkeys. Les rumeurs  vont déjà bon train et les deux hommes n'ont jamais semblé aussi  proches, encore faut-il que Kane et Turner parviennent à mettre de côté  leur ego et qu'ils acceptent de partager les feux de la rampe. Toujours  est-il que Colour Of The Trap est à ce jour la troisième  contribution discographique de Miles Kane, chacune des trois ayant été  réalisée sous une forme différente, et que cette dernière n'est même pas  la plus réussie (The Age Of Understatement se plaçant un bon cran au dessus). Il serait grand temps que le lad de Meols commence à se poser les bonnes questions.






















