
Storm Corrosion
Storm Corrosion
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1- Drag Ropes / 2- Storm Corrosion / 3- Hag / 4- Happy / 5- Lock Howl / 6- Ljudet Innan


Aïe  aïe aïe... qu’on se le dise, Storm Corrosion représente le premier réel faux pas des sieurs Steven Wilson et Mickael Åkerfeldt, pourtant  maîtres incontestés dans leur domaine de prédilection : le metal prog.  Collaboration inouïe ayant immanquablement déclenché une hyperactivité  des glandes salivaires chez tous les adeptes des deux bonhommes à  l’annonce de ce projet très attendu, ce premier album déçoit, il n’y a  pas d’autre mots.
Il  ne déçoit pas forcément en raison du genre auquel il s’attaque, à  savoir une musique ambient minimaliste, sombre et à grande affinité  expérimentale. Après tout, même les mouvements artistiques les plus  inaccessibles possèdent leurs propres chefs d’oeuvre... et certains  albums d’ambient type Bass Communion (made by Wilson) s’avèrent plus que  recommandables. Par ailleurs, ce n’est pas faute d’avoir été prévenus :  les deux intéressés n’ont pas cessé de répéter à tour d’interviews  qu’ils allaient partir dans une direction complètement inattendue, et SW  nous confiait encore il y a quelques semaines que ce disque avait été  conçu et enregistré de façon complètement égoïste. Nous savions tous à  quoi nous attendre, et il ne fallait probablement pas s’attendre au  disque de pop rock ultime...
Non,  là où l’album déçoit, c’est dans son manque de chair et dans des choix  de construction très hasardeux. Pourtant, cet éponyme débute sous les  meilleurs auspices : "Drag Ropes" parvient très vite à créer son petit  effet avec ses cordes contenues, son chant fantomatique (Åkerfeldt au  poil), ses choeurs joyeusement allumés et son ambiance à la Dany Elfman :  on se croirait dans la B\.O\. d’un Tim Burton mi-naïf, mi-macabre, et on a  hâte de poursuivre. Vient ensuite "Storm Corrosion" et c’est Wilson qui  prend le relais du lead vocal, tout en retenue et en douceur  mélancolique au son d’un accompagnement acoustique délicat. Là encore,  le morceau tient la route... jusqu’à ce qu’il se retrouve noyé sous des  samples lugubres qui jurent immédiatement avec son corps principal. Un  choix bizarre et vraiment laid. On poursuit alors l’écoute avec un peu  moins d’enthousiasme pour découvrir quatre morceaux déséquilibrés :  Åkerfeldt n’y chante pratiquement plus, réduisant sa participation  collaborative à un vague featuring à la guitare acoustique (très  sympathique au demeurant, mais tout de même), et l’intérêt de la suite  décroît au fil du disque en ne ménageant que quelques passages dignes  d’intérêt. On pensera notamment aux belles cavalcades de mellotron  rythmées de claquements de mains sur "Lock Howle" où à certains  enchaînements atypiques de "Happy", un titre qui, malgré son nom, n’a  pas vraiment de quoi rendre heureux tant l’atmosphère dissonante qui  s’en dégage se révèle glauque et anxiogène. Le constat est amer : peu de  chants, trop peu de cohésion d’un titre à l’autre, trop de facilités  dans la construction des lignes mélodiques (le riff de "Lock Howl", encore lui, est  inintéressant au possible), trop de réemplois de sonorités déjà  entendues ailleurs (“Lock Howl”, toujours lui, décalque tous ses gimmicks  de synthé sur l’In Absentia de Porcupine Tree). Même le conclusif "Ljudet Innan" qui lorgne vers une musique ambient détachée finit par  ennuyer dans sa redondance.
Dès  lors il s’avère difficile de conseiller en toute bonne foi ce disque à  qui que ce soit. Les plus patients et les plus curieux d’entre vous  pourront s’y risquer, mais qu’ils s’attendent à de (très) nombreuses  écoutes perplexes et presque rébarbatives avant de commencer à y déceler  une pointe d’intérêt. Bien évidemment, cet échec de la paire Wilson-Åkerfeldt, échec d’autant plus cuisant lorsque placé en perspective avec  leurs plus récents travaux studios respectifs (Grace For Drowning et  Heritage, pour ne pas les citer), ne nous empêchera en rien de guetter  avec avidité le troisième album solo du frontman de Porcupine Tree tout  comme les prochaines pérégrinations hors death metal d’Opeth. Storm  Corrosion ne permet malheureusement que de vérifier une fois de plus un  vieil adage : l’addition de talents équivaut le plus souvent à une  soustraction de résultats. CQFD.




















