
Jolly
46 Minutes 12 Seconds of Music
Produit par
1- Escape From DS-3 / 2- Renfaire / 3- Peril / 4- Red Sky Locomotive / 5- We Had An Agreement / 6- Downstream / 7- Carousel Of Whale / 8- Solstice / 9- Inside The Womb


Vous connaissez les sons binauraux ? Non ? Sachez donc que ces sons, dixit la jaquette de l'album qui nous intéresse ici, "sont  deux fréquences très basses jouées simultanément en stéréo. Ces sons  ont été ajoutés de façon systématique à ce disque. Quand il est exposé à  des sons binauraux, le cerveau en perçoit automatiquement un troisième,  un "son fantôme", qui altère la fréquence naturelle des ondes  cérébrales et qui entraîne un changement de l'état de conscience. (...)  Les données scientifiques suggèrent qu'une exposition régulière aux sons  binauraux entraine un accroissement de l'énergie mentale, une  prolongation du bonheur, une élévation de l'intelligence et une  diminution des seuils de stress. Des écoutes répétées sont encouragées  pour un effet maximal. Casque audio recommandé". Mazette. De là à faire rembourser Jolly par la sécurité sociale...
Dur,  dur, en tout cas, d'exister en tant que groupe de rock progressif aux  Etats Unis (hors metal), à tel point que Jolly a dû émigrer jusqu'en  Suisse et trouver asile chez Progrock Records afin d'y éditer ce premier  album. Très honnêtement, il est peu probable que nous n'ayions jamais  entendu parler de ce nouveau venu au sein d'une scène progressive de  plus en plus encombrée si les quatre gus n'avaient pas tapé dans l'oeil  de Riverside et des Pure Reason Revolution, qui les ont embarqués avec  eux pour une tournée européenne commune l'an passé. Tournée qui, bien  évidemment, n'est pas passée par la France - ceci dit, si la France  aimait massivement le rock progressif, ça se saurait. Toujours est-il  qu'il était parfaitement logique de chercher à savoir ce que ces natifs  de Brooklyn avaient dans le pantalon, et quoi de mieux qu'un test de cet  album inaugural pour le découvrir.
Indéniablement, les quatre  gus de Jolly savent y faire en matière de rock habité, et ils ont donc  repris à leur compte les principaux éléments qui plaisent au public du  prog contemporain. Ce Forty Six Minutes, Twelve Seconds Of Music  (pas super finaud, comme titre d'album) nous plonge dans un rock dense  et torturé, agrémenté d'un metal prégnant utilisant les lourdeurs et les  développements rythmiques hypnotiques d'un Tool, tout en alternant  avec des passages atmosphériques en droite ligne de Porcupine Tree  ("Peril", "Solstice"). Pas de grosse originalité, donc, mais des  références savamment digérées et restituées en un tout dense et  parfaitement cohérent. Le metal sait se faire puissant ("Escape From  DS-3") mais aussi plus tortueux et planant allant jusqu'à titiller les  excellents Anathema ("Renfaire", "Carousel Of Whale"). La production est  parfaite et mêle habilement guitare, basse et synthé en un ensemble  harmonieux et homogène, d'où s'extirpent parfois quelques trouvailles  sympathiques (comme ce rush piano jazz - 6 cordes saturées qui ouvre  "Red Sky Locomotive"). Le meilleur morceau de l'album n'est pourtant  dévoilé que tardivement : "Downstream" séduit immédiatement grâce à sa  jolie mélodie désespérée servie par l'empathie d'Anadale, un chanteur  totalement possédé par ses chansons. L'homme nous prouve d'ailleurs que  point n'est besoin d'en faire des tonnes sur le plan instrumental pour  faire passer l'émotion sur le beau "Inside The Womb", simple piano-voix  conclu par quelques minutes synthétiques mystérieuses.
Voilà donc  un très bon album de prog rock moderne, un disque qui reprend à son  compte les trouvailles des grands acteurs du créneau tout en les  restituant avec classe et intelligence. En d'autre terme : un parfait  petit manuel de confection du progressif dans les années 2000.  Souhaitons donc à Jolly une belle et longue carrière, tout en espérant  quand même un peu plus d'originalité dans leurs réalisations à venir.






















