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Critique d'album

Iron Maiden


The Number of the Beast


(22/03/1982 - EMI - New Wave of British Heavy Meta - Genre : Hard / Métal)
Produit par Martin Birch

1- Invaders / 2- Children of the Damned / 3- The Prisoner / 4- 22 Acacia Avenue / 5- The Number of the Beast / 6- Run to the Hills / 7- Gangland / 8- Total Eclipse / 9- Hallowed Be Thy Name
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Celui qui détient la connaissance calculera le nombre de la bête. Car ce nombre est un nombre d’homme et ce nombre est 666 – (Apocalypse selon) Saint Jean"
Daniel, le 17/06/2024
( mots)

Le schisme…

1982. Début du printemps. Rédaction de Steel Shock

La petite équipe qui édite le fanzine métallique est en ébullition. La tension est palpable. Sur la table du bureau, il y a la pochette de The Number Of The Beast. Depuis le premier souffle de son premier single, Iron Maiden est devenu notre groupe préféré. Le parfait leader et porte-drapeau de la NWOBHM. Des Dieux qui ont balayé les dinosaures du hard. Des Dieux qui ont absorbé toute l’énergie punk, mais sans son nihilisme ni ses épingles à nourrice. Des Dieux qui ont rendu sa gloire au cheveu long et gras (comme au Perfecto) dans un monde envahi de précieux mignons new wave fringués comme des couvertures de Vanity Fair.

Le ton monte…

Mon pote Phil Hype (un habile pseudonyme) est furieux. Il conchie Bruce Dickinson (1). Quand il déteste, Phil est intarissable. Il abomine cette danseuse en Spandex qui a usurpé la place de Paul DiAnno (le seul, le vrai, le punk, l’authentique). Il vomit cette Castafiore qui émascule les cavalcades du groupe avec ses insupportables ornementations vocales (2).

En ces temps-là, je signe mes chroniques sous le sobriquet de "Dany Hell" (mille excuses). Je n’ai pas vraiment aimé Killers, qui semblait marquer le pas, principalement parce que DiAnno avait de la peine à poser sa voix sur les passages plus ambitieux. En revanche, le nouvel opus m’a fait une impression fabuleuse (3). J’en suis bleu. Définitivement.

Alors, il y aura dans Steel Shock deux chroniques antithétiques de The Number Of The Beast. Celle de Phil Hype qui atomise l’album et celle de Dany Hell qui, tout en saluant l’arrivée de Dickinson, porte aux nues ce qui sera certainement le vinyle de l’année.

Pas de réconciliation possible

Le 18 avril 1982. Forest National. Le groupe fait étape en Belgique après une incursion en France (Nancy, Mulhouse, Evry, Caen). Tout le monde est là, sauf Phil Hype.

La salle, blindée d’Irons, découvre un frontman inouï. Un conteur, de la trempe des Dio, Springsteen ou Mercury, qui a le pouvoir de prendre chaque spectateur par la main pour l’emmener au cœur de sa "fantaisie".

Après deux heures de show, plus personne – et c’est bien injuste – ne se souvient encore que le groupe a connu un autre chanteur (4).


A l’exception de Phil Hype dont la discographie d’Iron Maiden tiendra pour toujours en deux disques. Les deux disques de Paul...

Le Diable se niche dans les détails (mais pas que)

Originellement dessinée pour la pochette du single "Purgatory", la pochette de Derek Riggs est proprement exceptionnelle, en ce sens qu’elle multiplie les degrés de lecture. L’on sait que, depuis les origines, le rock est assimilé par les culs-bénis à la musique du Diable. Ici, dans un décor infernal, le Malin ricanant manipule Eddie comme un vulgaire pantin, ce qui confirme le point de vue selon lequel un groupe rock (et, pire encore, un groupe de heavy-metal) est forcément inféodé à Satan. Mais – et c’est là le coup de génie de Riggs – un "super-Eddie" domine la scène et manipule à son tour le Malin.

La combinaison de cet artwork fabuleux (puisqu’il fait de la mascotte du groupe un montreur de marionnette satanique) et de l’excellente plage titulaire ont évidemment valu à Iron Maiden les foudres des ligues de vertu américaines (5), ce qui a conduit à des autodafés des albums du groupe, explosant évidemment sa cote de popularité dans le monde rock.

Or, "The Number Of The Beast" n’est pas du tout un titre sataniste. Précédé par une citation biblique récitée par l’acteur Barry Clayton, le texte, inspiré d’un cauchemar de Steve Harris – conte l’effroi d’un malheureux confronté à la vision (réelle ou rêvée) d’un rituel répugnant.

Que l’on croie ou non au Malin, c’est ce titre iconique qui va conduire Iron Maiden dans la stratosphère. Pour longtemps.

Des moments légendaires, partagés entre tipis maudits et doute sceptique

Si l’on excepte "Invaders" la très moyenne plage d’ouverture – encore encombrée de quelques lambeaux harmoniques "à la Paul DiAnno" – et le très convenu "Gangland" (6), tous les autres titres sont absolument excellents. Ils vont, chacun à leur manière, effacer les deux premiers essais vinyliques du groupe puis constituer les fondations de sa très longue histoire à venir.

"22, Acacia Avenue" recycle avec brio le thème de Charlotte à la très petite vertu déjà exploité précédemment.

Pour varier les plaisirs, le groupe évoque aussi le cinéma fantastique avec qui le rock fait bon ménage depuis le mitan des années ‘60. Il n’est pas étonnant de retrouver ici quelques influences cinéphiliques, comme l’exceptionnel "Children Of The Damned" (pour Le Village des damnés de Wolf Rilla) ou l’inquiétant "The Prisoner" (pour Le Prisonnier du très allumé Patrick McGoohan).

On peut en revanche s’interroger sur les raisons qui ont poussé le groupe anglais à s’intéresser à la cause (perdue) des Indiens d’Amérique. Le monstrueux "Run To The Hills" reste – sans qu’on le sache encore – le premier exemple de cette horrible petite manie de Steve Harris qui consiste à choisir n’importe quel sujet (7) et à le traiter à la manière du Reader’s Digest, c’est-à-dire par le biais de raccourcis saisissants (parfois mâtinés d’humour involontaire).

Cela dit ce titre, par sa construction en crescendo et grâce au chant opératique de Bruce Dickinson, est devenu un classique instantané qui a expédié pratiquement toute la concurrence dans les limbes (ou dans les cordes, selon les références de chacun).

Nombreux sont néanmoins les Irons qui considèrent que "Hallowed Be Thy Name" est le meilleur titre jamais enregistré par leur groupe préféré. Et là, pour une fois, je hurle avec la meute. Le fait est assez rare pour être souligné car le texte, d’une rare intelligence et d’une subtilité inhabituelle dépeint comment une certitude peut devenir une perspective aléatoire et angoissante. Le personnage qui attend son exécution passe d’une ferme croyance en Dieu à un doute douloureux ; sa paix intérieure face à son destin se mue en une pure angoisse existentielle. C‘est extraordinairement brillant, intelligent et mature ; il est difficile de rêver mieux comme conclusion d’un album presque parfait.

Une rampe de lancement

En 1982, The Number Of The Beast a été considéré comme un sommet par une multitude de petits rockers. La NWOBHM venait de gagner ses lettres de noblesse. Et Iron Maiden, sans aucunement altérer son crédit auprès des fans (à l’exception de Phil Hype), quittait le monde interlope des gangs et des rues glauques pour s’exposer en pleine lumière comme un combo majeur et sophistiqué.

Le cap, classiquement périlleux, du troisième album venait franchi avec bravoure et brio. Mais aucun de nous n’imaginait encore que les deux albums suivants (1983 et 1984) allaient marquer une incroyable progression géométrique, faisant d’Iron Maiden la référence absolue du métal moderne.

Après, des embruns et quelques vents contraires ont progressivement conduit le groupe à ronronner des albums de plus en plus souvent agaçants, rappelant au passage à nos malheureuses oreilles que la Vierge de Fer était à l’origine un instrument de torture.

Mais ça, c’est une autre histoire…


(1) Le "fameux" Bruce Bruce (pseudo du siècle) qui officiait au sein des anecdotiques Samson.

(2) Et le temps donnera un peu raison à Phil. Bruce est devenu assommant à force de multiplier les "woohouwoohouwoo" chaque fois qu’il ne trouve rien d’autre à raconter.

(3) Quelques titres finiront par poser question. Mais bien plus tard…

(4) Tout le monde l’ignore encore, mais, sous ses dehors bonhommes, Steve Harris est tout sauf un leader aimable. L’écartement de Paul DiAnno était une décision brutale et un peu cynique. C’était aussi un quitte ou double parce que le gaillard était très populaire auprès de la fan-base. Pari gagné. Il y en aura d’autres. Aussi cyniques. Clive Burr – probablement le meilleur batteur de la NWOBHM – en fera rapidement les frais…

(5) Les mêmes ligues venaient de s’en prendre à Styx, un groupe chrétien, dont le titre "Snowblind" évoquait un "diable habillé de blanc".

(6) "Gangland" vaut seulement pour ses soli de guitares. Il figurera en face B du single "Run To The Hills". Il aurait dû être remplacé par le bien meilleur "Total Eclipse", composé par Clive Burr (qui y est excellent), que l’on retrouvera sur des rééditions ultérieures.

(7) D’Alexandre Le Grand à la vie extraterrestre, en passant par la poésie romantique du XVIIIème, les première et seconde guerres mondiales, le paradoxe temporel, Winston Churchill, la préhistoire en carton-pâte, le septième fils guérisseur, …, c’est toute l’Encyclopedia Britannica qui sera progressivement passée à la moulinette Spinal Tapienne de cet obstiné littérateur du dimanche. Pour dire vrai, avant de devenir une malédiction, cette petite manie nous a apporté un peu de fraîcheur dans le métal parce qu’elle dérogeait aux canons réducteurs traditionnels, à savoir moto, voiture, bière, gonzesse, route, dragon, vitesse, tigre, feu, tonnerre, acier, épée, baston, …

(8) Bruce Dickinson a récemment déclaré, lors d’une interview consacrée à son dernier album solo, qu’il reprochait au groupe de ne plus produire de musique réellement nouvelle mais de resservir toujours le même plat générique réclamé par les fans. Je ne peux que partager ce point de vue. C’est probablement une vision très subjective de ma part, mais j’ai vraiment le sentiment que le chanteur s’emmerde au superlatif sur les titres de Senjutsu

Note de 4.5/5 pour cet album
"Troisième album marquant l'arrivée de Bruce Dickinson."
Théo, le 18/01/2006

Iron Maiden fait partie de ce que l'on appella au début des 80's la "New Wave Of British Heavy Metal" (autrement dit la nouvelle vague de Heavy Metal britannique) au côté de Motörhead par exemple. Il faut avant tout savoir que cette "vague" a, n'ayons pas peur des mots, révolutionné le Metal et influencé tous les groupes à consonnance Heavy qui ont suivi. "The Number Of The Beast", troisième album du groupe, marque l'arrivée de Bruce Dickinson au chant et qui est, il faut bien l'avouer, meilleur que son prédécesseur (il officie par ailleurs toujours au sein de la formation). "Invaders" est une excellente piste d'introduction à l'album avec un rythme très entrainant et des solos ultra rapides révolutionnaires puisque usants de tapping, technique initié par Edward Van Halen de son célèbre "Eruption" de 1978. Ce qui est très notable au niveau de la rythmique c'est la basse extrême présente: en effet, Steve Harris est le principal compositeur du groupe ce qui est rare pour un bassiste me direz vous et vous aurez raison ! Avec "Children Of The Damned", on comprend très vite d'où vienne des compositions telles que "Fade To Black" de Metallica: une première partie lente à la guitare acoustique et au refrain puissant, puis une soudaine accélération pour finir en une apothéose de solos...magnifique ! A noter également "22, Acacia Avenue", la cultissime "The Number Of The Beast" en piste 5 et également "Run To The Hills", chanson marqué d'un fort patriotisme écossais, pays dont sont originaires les 5 garçons. L'album se termine par "Gangland" (avec un p'tite intro à la batterie) et par cette superbe longue composition qu'est "Hallowed Be Thy Name". Tout fan de Metal se DOIT d'ecouter au moins une fois cette album tout simplement pour découvrir les origines de ce qu'il écoute et du coup passer un bon moment !

Commentaires
Sebastien, le 17/06/2024 à 20:30
Oui, je suis tout à fait d'accord, Daniel. La NWOBHM doit énormément à cet album et à Iron Maiden en général. Malgré tout, je pense que ce mouvement n'a pas vraiment la postérité qu'il mérite, comparativement à d'autres moments forts du rock.
DanielAR, le 17/06/2024 à 12:08
Aujourd'hui encore, je suis persuadé que, sans cet album, la NWOBHM serait restée un épiphénomène rock éphémère. TNOTB a propulsé le style dans une autre dimension. C'est un petit monument qui n'a pas trop souffert des outrages du temps.
Sebastien, le 17/06/2024 à 09:28
Un de mes albums préférés, tout simplement.
Gautman, le 07/06/2017 à 11:23
Être bassiste et compositeur est sans doute rare, mais ce n'est pas le premier grand groupe à connaître cette particularité, on pourra penser à Roger Waters et les Pink Floyd ;)