
Myassa
Nouvel air ?!
Produit par
1- Nouvel-air?! / 2- Fanfare de mensonges / 3- Sarabande marine / 4- A personne / 5- Deux / 6- Eden Flou / 7- Tank / 8- Histoire D/A / 9- La Sierra / 10- Guerre intime / 11- Rose carnage / 12- Sahara / 13- Voir Venise et mourir...


Si Myassa est un groupe auquel il faut croire, coûte que coûte, ce n’est pas tant par ce qu’il donne à écouter, pourtant inattaquable, mais par leur posture généreuse, patiente, intelligente et professionnelle, qui ajoute l’humilité au talent. Depuis quelques années, ce groupe Seine-et-marnais dispense gratuitement sur le net un univers musical et graphique léché, élaboré et idéologiquement marqué. Quelques LP plus loin, Myassa livre son premier opus à la vente, fort d’un nom déjà connu et reconnu par ceux qui suivent de près le rock français. Et c’est un souffle nouveau qui traverse ce Nouvel air?! inspiré. Le percutant trio (guitare-basse-batterie) s’enrichit ici d’une trompette, plus loin d’un didjiridou, pour enlever ses orchestrations sur une allure de cabaret. Et le spectacle auditif commence.
Au commencement était le verbe : le livret plante le décor et confesse ce qui doit l’être. Un lieu incertain, un futur indistinct. Edena-city est une mégalopole aux strates sociales préétablies, où la frange d’en haut endort celle d’en bas, voyant en la surconsommation un idéal opium du peuple. Ceci posé, 13 saynètes angoissées y répondent dans un magma sans réelle narration, où la poésie hermétique décrit avec force et beauté l’incarcération cérébrale, le violent désir d’évasion, les fantasmes qui en résultent. Sexe, colère, guerre, mort. Les thématiques écorchent, les mélodies accrochent. De cet univers sans cesse écartelé, Myassa recueille le fruit, forcément défendu. L’oreille sait que c’est sale et inquiétant, mais rien ne peut l’empêcher de retourner boire à la source cette subversion littéraire à la mythologie bien trempée. Souvent électrique, parfois évanescent, ce Nouvel air?! est juste une œuvre aboutie, à la maturité confondante. Pour une première banderille, qui plus est autoproduite, on ne peut que s’incliner.