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The Young Gods
Knock On Wood - The Acoustic Sessions
Produit par
1- Our House / 2- I'm The Drug / 3- Everythere / 4- Gasoline Man / 5- Speak Low / 6- Charlotte / 7- Ghost Rider / 8- Longue Route / 9- She Rains / 10- Freedom / 11- Skinflowers
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
S'il existe bien une épreuve impitoyable pour le musicien adepte des sonorités électriques, c'est l'unplugged. Ainsi mis à nu, l'artiste ne peut plus se cacher derrière ses murs de guitare ou ses gadgets électro cosmétiques. Il n'y a plus que lui, sa guitare et ses mélodies qui puissent devenir vecteurs d'émotion et de musicalité. Si certains en sont ressortis magnifiés (Nirvana, Alice In Chains), d'autre y ont laissé les derniers restes de leur crédibilité (Korn). Et c'est donc à cet exercice difficile que se sont livrés les Young Gods l'an passé : un pari étonnant, osé même, de la part de pionniers de l'électro-indu toujours friands de trouvailles sonores artificielles. Le gang fribourgeois étant actuellement en tournée en France pour défendre son Knock On Wood, il n'est bien sûr pas inutile de revenir, même un peu tard, sur l'un des grands disques de l'année passée.
Au programme de ce recueil hors norme, huit anciens tubes des trois suisses (sans mauvais jeu de mot) auxquels viennent s'ajouter trois reprises : "Speak Low" de Kurt Weill, "Freedom" de Richie Havens, et une version terrible du "Ghost Rider" de Suicide. En ce qui concerne les vieux morceaux, ce sont principalement le récent Super Ready / Fragmenté et surtout le cultissime TV Sky qui sont mis à l'honneur, et on ne s'en plaindra pas tant la qualité des compositions présentées impressionne. Dépouillées de tous leurs oripeaux industriels, les chansons des Young Gods se découvrent un souffle et une force que l'on n'attendait pas forcément d'elles. Les arrangements acoustiques sont simples, faits de riffs secs et enfiévrés, que viennent relever des percus qui donnent à l'ensemble une impression de vitalité tranquille. Sur cet assemblage détonnant, Franz Treichler n'a plus qu'à déposer son timbre de feu et de rocaille pour enflammer le set avec passion.
C'est donc à une redécouverte que nous convie cet album, redécouverte de titres que l'on pensait à jamais digérés et imprégénés dans notre subconscient mais qui parviennent pourtant à nous surprendre une fois de plus. Entre douceur presque celtique des grands espaces marins ("Our House"), transe chamanique sous acide ("Everythere"), ou blues-folk empreint de toute la chaleur écrasante du far west ("Gasoline Man"), le début de l'album se paye le luxe d'un sans faute de toute beauté. Les autres titres ne sont pas en reste et nous permettent d'apprécier encore plus la poésie parfois absconse des jeunes dieux, ondulant entre intermède onanique conjugué au féminin ("Charlotte") et Road Movie poussiéreux empruntant sa sensibilité à un artiste comme Alain Bashung ("Longue Route"). Rien à dire, c'est du tout bon, et on se surprend même à en redemander. Tout en espérant quand même revoir rapidement les Young Gods arpenter les chemins bruyants et ambitieux de leur style musical habituel...