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ZZ Top
El Loco
Produit par
1- Tube Snake Boogie / 2- I Wanna Drive You Home / 3- Ten Foot Pole / 4- Leila / 5- Don´t Tease Me / 6- It´s So Hard / 7- Pearl Necklace / 8- Groovy Little Hippie Pad / 9- Heaven, Hell Or Houston / 10- Party On The Patio

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La disparition de Dusty Hill, bassiste et chanteur intermittent de ZZ Top, intervient l’année (et à quelques jours près) où El Loco, septième opus du groupe, souffle ses quarante bougies. Si c’est une occasion pour revenir sur cet album, on aurait pu trouver un meilleur hommage que cette folie transitoire, ou plutôt cette transition depuis le blues-rock inventif du premier âge vers le Hard-FM qui a fait le second succès de ZZ Top.
En effet, les rivages du Rio Grande et les soirées dans le lupanar de La Grange s’éloignent petit-à-petit de même que le blues-rock, à mesure que le Hot Rod Ford écarlate prend la route et que les synthés s’imposent.
On le sent immédiatement à l’écoute des sons de basse (surtout dans les descentes et montées qui pourraient organiser un Madison) et de batterie, très 1980’s, et sur des titres calibrés pour la radio comme "Tube Snake Boogie" ou "I Wanna Drive Your Home", même s’ils n’oublient pas de mettre en avant la virtuosité bluesy de Gibbons (surtout le second titre mentionné, paré de superbes soli au bottleneck). De même, le son de guitare préfigure les albums suivants en étant plus lourd, tel qu’on peut l’entendre sur "Ten Foot Pole", aux faux-airs de "Cheap Sunglasses".
Pour autant, ces titres demeurent ancrés dans le blues rugueux du trio texan et conservent un certain charme, contrairement à des horreurs comme le slow à la guimauve "Leila" qui cumule les fautes de goût (la guitare hawaïenne, le chant qui s’essaye langoureux -aïe, les claviers mièvres …) ou le caricatural "Don’t Tease Me" qu’on dirait issu d’un one-shot-band des 1980’s fondé pour réaliser un seul tube au succès éphémère à base de pastiche de blues-boogie-rock. Le problème est d’autant plus grave qu’on assiste à la multiplication de ce genre de bévues, notamment sur la seconde face catastrophique : "It’s So Hard" digne du pire des Eagles, "Pearl Neckless" purement consommable et vite ringard, "Groovy Little Hippie Pad" tout simplement insupportable avec ses sons immondes de synthé et son rythme irritant, "Heaven Hell or Houston" dont on ne comprend pas vraiment comment il a été composé …
Souvent pourtant, on retrouve bien la patte du groupe qui ne s’éloigne jamais complétement du blues et propose de bon chorus (Billy Gibbons est un guitariste exceptionnel, mais ça, on le savait déjà). C’est largement insuffisant pour sauver l’album, mais tout à fait suffisant pour le laisser le cul entre deux chaises.
Il y a deux genres d’albums de transition. Ceux qui sont réussis par les hybridations et expériences qu’ils mènent, et ceux qui sont bancals par leur incapacité à marier la chèvre et chou et leurs hésitations multiples, surtout quand l’aboutissement de cette transition est discutable. El Loco est de ceux-ci, ouvrant de tristes années 1980 pour ZZ Top.