Exile Parade

Vous vous rappelez d' Arctic Monkeys à leurs débuts, non ? Mais si ! Ce soi-disant groupe d'inconnus qui a réussi à percer grâce à MySpace ! Même si, rétrospectivement, on a pu se rendre compte que cette rumeur n'était en fait qu'une vaste fumisterie organisée par une prod maligne, qui avait rapidement su flairer les bienfaits du buzz. Et voilà qu'on essaie de nous refaire le même coup avec Exile Parade . Alors, tenez-vous le pour dit : Exile Parade, c'est la nouvelle tendance made in Internet, c'est le prochain gros carton du rock anglais, ça va déchirer, ça va tout balayer sur son passage. Avec même à la clé une production assurée par Owen Morris himself ( Oasis , The Verve ), lequel n'hésite pas à clamer haut et fort, je cite : "c'est le meilleur groupe de rock 'n roll pour lequel j'ai eu l'honneur et le plaisir de travailler depuis le premier album d' Oasis ". Rien que ça.

Parlons-en d' Oasis , justement, puisque Mr Morris nous tend si gentiment la perche. Côté son, en effet, Exile Parade ressemble beaucoup, beaucoup aux mancuniens, et ça, c'est plutôt un compliment. La prod est effectivement bien faite, la basse a une belle ampleur, les guitares sont calibrées au poil, bref, ça en jette vraiment. Mais la comparaison s'arrête là, même si le début de "Fire Walk With Me" ressemble à une sorte de plagiat stylistique gonflé, avec une voix tendue et traînante lorgnant du côté de Liam Gallagher. Dès le milieu de ce même titre, on découvre le petit "plus" d' Exile Parade : les beats. Le batteur s'est visiblement inspiré des meilleures rythmiques de night clubs et nous rebalance le tout sur du rock. En apparence, une boîte à rythme aurait pu sembler suffisante pour ce genre d'effets, mais une bonne vieille batterie, jouée par un vrai batteur, en chair et en os, apporte un réel gain en terme d'énergie. Le résultat est sans appel : cette musique possède une pêche incroyable. On rêvait tous de pouvoir se déhancher en boîte de nuit sur du vrai son rock bien lourd, et notre rêve va peut-être devenir enfin réalité grâce à Exile Parade . M'est avis que "Still Number One" et "Superstars" risquent de faire un malheur en soirées dans les prochains mois. Et puis il y a une certaine manière, indéniablement, comme sur ce déferlement vocal à la fin de "Love Disco" qui n'est pas sans rappeler un certain Joe Strummer. Visiblement, les musiciens se foutent royalement du qu'en dira t'on : ils sont jeunes, ils jouent la musique qu'ils aiment, ils s'éclatent et ils emmerdent ceux à qui ça ne plaît pas. Rock'n Roll, Babe !

Alors, ça le fait, Exile Parade ? Oui, certainement, cet EP mérite le détour de par l'esprit original de ses chansons, en espérant que le groupe sera enfin celui qui réussira à réconcilier rock et danse. De là à comparer cette musique à Definitely Maybe, ce serait quand même pousser le bouchon un peu loin. Notamment parce que, côté profondeur des airs et des compositions, ça ne vole pas bien haut. C'est même assez pauvre, n'ayons pas peur des mots, malgré il est vrai un échantillon limité de titres à disposition. Ce genre de comparaisons iniques pourrait même avoir l'effet inverse sur la suite de la carrière de ces jeunes rockeurs qui, paradoxalement, n'en demandaient sans doute pas tant. Voici donc un rock brut, décomplexé, remuant, cependant assez primaire, qui suscite en fin de compte une certaine curiosité en attendant la sortie de l'album dans les toutes prochaines semaines.