Alleluia, frères et sœurs !
Archive est revenu. Et pas qu’à moitié, puisque les anglais nous livrent ici
Axiom, un concept-album vendu depuis quelques mois par Darius Keeler comme le projet le plus ambitieux de leur discographie. Car pour cette nouvelle sortie,
Archive accompagne son univers musical d’images animées, fixées sur un second disque. Un court-métrage qui devance les remarques souvent entendues sur l’évidence cinématographique des œuvres à rallonge du groupe.
Archive ne nous laisse pas le choix de l’interprétation de ce qu’on peut écouter,
Axiom est livré pré-imaginé.
Déjà la pochette ne nous laisse aucune chance de nous faire notre propre imagerie autour du disque : un chapelet et une clochette tenue par des mains d’homme sur un fond noir. Pas de doute, l’album s’inspire de la religion, ses vices et vertus, ses clairs-obscures et tous ses paradigmes, apocryphes, et autres mots compliqués associés au champ lexical de l’Eglise qui savent se faire petit, face à la puissance de la musique d’
Archive. Car, de la puissance, il y en a. Sous forme de montées progressives presque lyriques ("Distorted Angels"), d’intros assourdissantes et étourdissantes ("Axiom") ou encore de rythmes soutenus par une basse lourde et profonde ("Shiver").
Archive puise largement dans leurs partitions passées ce qu’ils savent faire de mieux.
Axiom semble alors assumer sa filiation avec les précédents disques. On retrouve ainsi les instruments déjà entendus, les voix déjà écoutées. Les quatre chanteurs qu’on trouvait déjà sur
With us until you’re dead, Maria Q, Pollard Berrier, Holly Martin et Dave Pen sont présents. Pour le reste,
Axiom dévoile sa personnalité, ou devrait-on dire son âme, dans cette mélancolie cléricale.
Flagrant dans cette fameuse intro du titre "Axiom" précédant l’interprétation du thème majeur de l’album, cette pieuse ambiance s’installe en grandes pompes, au son des cloches semblant avoir été capté depuis le parvis de Westminster Abbey en plein mariage royal. "Baptism" ne trompe pas non plus, avec son titre évocateur et ses "
come in the water" récurrents. Le reste du temps, la ferveur est musicale. Davantage que sur les albums précédents,
Archive utilise les ingrédients du rock progressif telles que les rythmiques marquées ou les répétitions hypnotiques omniprésentes. La transe se fait sentir au gré de cette progression. C’est une petite nouveauté pour le groupe, habitué à offrir davantage d’œuvres de conception plus classique, moins répétitives.
Allié au nombre de morceaux du tracklisting (seulement sept titres dont une reprise, soit six véritables compositions), ces répétitions prouvent la présence d’un ADN filmique dans l’album. À moins que ce ne soit du minimalisme … ou de la fainéantise, selon ceux qui se rertrouvent moins dans le répertoire du groupe. Pourtant, on apprécie le peu qui nous est présenté, retrouvant ainsi les grandes heures d’
Archive. On est proche d’un "Junkie Shuffle" (sur l’EP
Absurd), ou de
Light. Moins rock, plus synthétique,
Axiom s’offre ainsi une place de choix dans cette discographie, mais, à l’image de
Controling Crowds qui avait été suivi dans la même année de son
Part IV, on espère l’arrivée prochaine d’un second souffle pour cet effort bien trop court.