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Critique d'album

Styx


Styx II


(00/07/1973 - Wooden Nickel - Rock progressif / AOR - Genre : Rock)
Produit par

1- You Need Love / 2- Lady / 3- A Day / 4- You Better Ask / 5- Little Fugue In / 6- Father O.S.A. / 7- Earl Of Roseland / 8- I'm Gonna Make You Feel It
Note de 2/5
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Note de 2.0/5 pour cet album
"Un mariage improbable entre des chants tyroliens et une grand-messe - Roland Deflorenne"
Daniel, le 09/04/2021
( mots)

Celui qui consulte le GBSR (Grand Baromètre Scandaleux du Rock) peut observer que Styx pointe aux alentours du zéro absolu. Pas de drogue, pas de scandale, pas un mot plus haut que l’autre, pas de dispute, … 


Aucun avis de tempête connu, à l’exception très relative des jumeaux Panozzo. John n’a jamais caché son addiction à la gnôle (ce qui lui vaudra une cirrhose fatale à 47 ans) ; Chuck retardera son coming out jusqu’en 2001, profitant de l’occasion pour signaler au passage qu’il partageait depuis longtemps sa vie avec le sida. Rien de très inhabituellement rock.


Après un premier album immature, le groupe retourne au boulot. Styx II c’est avant tout "Lady". Un titre que Dennis DeYoung, inspiré par les délires de King Crimson, avait écrit depuis longtemps (dans son garage) afin de célébrer son amour pour la jolie Suzanne, épousée en 1970. Le texte est navrant de poésie adulescente mais la mélodie chorale explose comme une évidence. 


Il serait plus correct d’écrire "explosera" parce que le single ne grimpera dans les charts qu’après la sortie du quatrième album. La ritournelle est devenue, avec le temps, un classique aux Etats-Unis et, dans certaines rééditions ultérieures, elle donnera même son nom à l’album tout entier (créant des confusions avec des compilations plus ou moins autorisées).


Dans son second opus, Styx opte pour du cousu-main. Plus de reprises, à l’exception d’un court extrait d’une fugue (en sol pour les puristes) de Jean-Sébastien Bach capté à la cathédrale Saint-James de Chicago. Pour le reste, il y a cinq titres de Dennis DeYoung et deux de John Curulewski. C’est le seul album connu de Styx (à l’exception de l’album de reprises Big Bang Theory) sur lequel James JY Young n’est pas du tout crédité.


Outre "Lady", la pièce de résistance est "Father O.S.A.". Et c’est là que l’on comprend que Styx va peiner à se trouver immédiatement un public. En effet, Dennis DeYoung met en scène, avec toute l’emphase dont il est déjà capable, un missionnaire de l’ordre mendiant de Saint-Augustin... 


Le propos musical est superbe mais ce n’est pas vraiment le sujet qui va passionner les fans de rock à peine pubères du début des années ’70. Ceux-ci sont plus volontiers attirés par Aleister Crowley, les filles girondes, les motos, les décibels trafiqués à la distorsion, la Budweiser et les cigarettes qui font rire.


En 1973, le terme "Adult Oriented Rock" n’existait pas encore vraiment. C’est d’autant plus vrai que, dans leur immense majorité, les « parents » n’achetaient pas (encore) des disques estampillés "rock". Ce réflexe d’achat viendra un peu plus tard, lorsque les 33 tours feront une entrée fracassante dans les supermarchés. On trouvera alors Styx (comme Kansas, Boston, REO Speedwagon et bien d’autres) dans tous les caddies, aux côtés des hamburgers surgelés, des packs de Dr Pepper en promo, de la soupe Campbell’s, du ketchup Heinz 57 et du charbon de bois pour le barbecue. 


Sur Styx II, la contribution de John Curulewski se révèle extrêmement anesthésiante avec "A Day", un titre à tiroirs vaguement crimsonien de plus de huit minutes, et "You Better Ask", plus carré mais formidablement "déjà vu" qui se termine sur quelques notes de "Strangers In The Night" à l’orgue de barbarie (pour les ultra-complétistes). 


En pratique, personne ne connaît quelqu’un qui emporterait cet album sur une île déserte. Il est vrai que, par principe, il n’y a probablement pas d’électricité sur une île déserte. Impossible de brancher une platine hi-fi. Mais, quitte à passer pour un couillon, autant partir au bout du monde avec un disque intéressant, non ? 


Habitué aux scores confidentiels de ventes d’albums de jazz, Bill Traut, le patron de la firme de disques ne s’inquiète pas trop du fait que Styx II termine sa brève carrière dans les bacs des soldes. Mais il serait peut-être temps de passer à autre chose de plus consistant…


 

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