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Critique d'album

Katatonia


Dead End Kings


(27/08/2012 - Peaceville - Doom-detah, puis metal prog - Genre : Hard / Métal)
Produit par Jonas Renkse, Anders Nyström

1- The Parting / 2- The One You Are Looking for Is Not Here / 3- Hypnone / 4- The Racing Heart / 5- Buildings / 6- Leech / 7- Ambitions / 8- Undo You / 9- Lethean / 10- First Prayer / 11- Dead Letters / 12- The Act of Darkening
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Accessibilité refoulée"
Julien, le 27/01/2025
( mots)

Si la frustration se définissait par un groupe ou un artiste, nul doute que Katatonia se positionnerait tout en haut de la liste des prétendants. Au sein de la rédaction d'Albumrock, nous sommes plusieurs à nous être cassés les dents sur le quintet suédois ; votre serviteur le premier. Pourtant, lorsqu'on décide d'entamer l'ascension vers les monts du metal, le sentier tracé par la bande de Jonas Renkse a tout de l'accès naturel. Une voie idoine au vu des caractéristiques du groupe depuis l'album Brave Murder Day paru en 1996. La promesse de compositions suffisamment lourdes dans leurs intentions et qui éludent les deux irritants majeurs du metal extrême : le growl et le blast-beat. Cette définition minimaliste et condescendante, Katatonia me l'a renvoyée en pleine face. Les premières écoutes de Dead End Kings m'ont laissé démuni ; tiraillé par le curieux mélange d'un contenu immensément riche duquel persistait un fort arrière-goût insipide.
L'accessibilité refoulée.


Le premier point clivant chez les Suédois tient aux intentions émotionnelles d'une musique jouée au gré d'une mélancolie jusqu'au-boutiste. Une discographie d'une obscurité telle qu'une simple exposition à la lumière du jour lui brûlerait l'épiderme. Cette ambiance est inscrite dans tous les pores de Dead End Kings, symbolisée par les premières lignes de "Leech" :
"So solitary you have been. Your time starts to fade, distorted sky and you find me revolve inside"."Tu étais si solitaire. Ton temps commence à s'estomper, un ciel déformé dans lequel je tourbillonne".
Ce ciel intensément et exclusivement sombre qui, allié à la structure linéaire dans laquelle les morceaux sont bâtis, conduit à des instants mornes voir pesants à l'image de "Undo You". Vous l'aurez compris, le second élément perturbateur dans l'immersion d'un disque de Katatonia est son uniformité.
Rien ne tangue chez les Stockholmois. Tout est réfléchi, précis, juste. Cette cérébralité qui, mise en musique au reflet de sa complexité technique, que décrivait très justement Nicolas dans sa chronique de Sky Void of Stars, diffuse ce goût insipide évoqué précédemment. Dire qu'on s'emmerde à l'écoute de Dead End Kings serait sévère, mais pas complètement dénué de sens. Prenez "Hypnone" et "The Racing Heart" par exemple : deux morceaux impeccables ; trop impeccables. Regardez la droiture avec laquelle le clavier se place. Admirez l'intégrité des effets électroniques. Tout est sous contrôle. En pleine maîtrise, les Suédois ne se mettent jamais en danger, comme sur "Ambitions" d'une écriture au classicisme flagrant. Avec une telle rigueur, ce que Katatonia gagne en qualité purement technique, il le perd en spontanéité. Le quintet n'arbore aucune faiblesse apparente et pourtant ne sont-ce pas ces mêmes faiblesses qui provoquent l'intérêt ?
Il faut alors se plonger dans le titre "The Act Of Darkening" (présent sur l’édition deluxe), pour voir la bande de Jonas Renkse sortir de sa carapace. Un morceau qui nous saisit par une tangible fragilité contenue dans son départ acoustique mêlé de la douceur impudique du chant. A nouveau, la frustration prédomine tant Renkse est pertinent dans ce registre. On en redemande. Car lorsque les Suédois rompent avec la constance, quand les variations s'inscrivent dans les compositions, celles-ci font des merveilles. On pense ici à "Dead Letters" avec ses arpèges tout aussi ensorcelants qu'entêtants. Nous voilà possédés, conditionnés pour contempler la lourdeur écrasante qui parachève le titre.
Et puis le temps, l'implication de l'auditeur font leur œuvre pour se rendre à l'évidence : la perfection est vectrice de grandeur. Katatonia le soulignera par deux fois -au moins- sur Dead End Kings. La tempête introductive que forme "The Parting" voit le ciel noir des Suédois se déchainer jusqu'à être paralysé par le souffle de Renske, avec cette fantastique montée dans les octaves en conclusion du refrain. Enfin comment ne pas être captivé par "Lethean" où le quintet offre le tout meilleur de sa musique : de la mélodie à la production, du chant au solo de guitare dantesque. Les Suédois lèvent la barrière de leur austérité suggérée. On décèle alors l'immensité de leur voûte obscure. Une invitation à déceler les nuances d'un album, d'un groupe, qui a beaucoup plus à offrir qu'une initiation au metal. 


Katatonia se révèle et s'apprécie dans la durée, dans l'écoute répétée de leur musique : élément indispensable pour voir ce qui se cache derrière un horizon à l'apparence immuable. Le groupe de Stockholm qui fera appel à votre persévérance, votre pugnacité pour petit à petit percer ce masque noir aux motifs techniques. Un constat qui s'applique à Dead End Kings parsemé de morceaux prodigieux, pareils à des clés permettant de percer le coffre-fort. Ce trésor qui n'aura rien d'autre à offrir qu'une révélation pour un groupe au registre racé et unique. Bien loin d'une boussole pour nous guider vers d'autres territoires.


 


A écouter : "Lethean" ; "The Parting" ; "Dead Letters"

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