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I Blame Coco
The Constant
Produit par
1- Selfmachine / 2- In Spirit Golden / 3- Quicker / 4- Turn Your Back On Love / 5- Please Rewind / 6- Summer Rain / 7- Playwright Fate / 8- The Constant / 9- Party Bag / 10- No Smile / 11- Caesar / 12- Only Love Can Break Your Heart / 13- It's About To Get Worse


Coco Sumner est le genre de chanteuse que l’on découvre d’abord dans les pages des magazines de mode, et on sait qui sont ses amis avant même d'avoir écouté sa musique. Car Coco a un père célèbre et des potes trendy. Et Coco est d'une beauté étrangement magnétique, avec ses yeux scrutateurs ourlés de khôl baveux, sa grande silhouette aux mouvements désordonnés et son style de jeune fugueuse revêche. Oui, Coco est wonder-hype. Mais le plus embêtant, c'est qu'elle est bien plus complexe qu'elle n'en a l'air, et qu'elle a du talent.
Avant d'enregistrer The Constant, Sumner s'était faite connaître via une vidéo postée par Peter Doherty, qui utilisait le titre "Bohemian Lover" (malheureusement absent de l'album). Petit à petit, Youtube s'est mis à regorger des démos de la chanteuse. A l'époque, le son était lo-fi, et les chansons pop confinaient parfois au reggae, avec un certain succès. Il est indéniable que Coco Sumner a une patte ; et surtout, sa voix est complètement inédite, androgyne, profonde et grave. Tout cela s'harmonise parfaitement avec ses textes un peu dark de post-adolescente rebelle. La question est donc de savoir ce qu'il s'est passé entre ces brouillons et The Constant. Car ce premier album est enrobé de claviers cheap, de bidouillis électros sans intérêt qui étouffent l'essence autrefois plus brute des morceaux. La production paraît bien laborieuse et superflue. Elle convenait très bien pour les premiers maxis ("Selfmachine" et "Quicker"), mais le poids des arrangements nuit aux autres morceux qui peinent même parfois à se différencier les uns des autres.
Le deuxième problème de The Constant est qu'il est complètement inégal. "Selfmachine" et "Quicker"sont particulièrement bien écrits, bien que plusieurs écoutes soient nécessaires pour que la vraie magie opère et que ces chansons dépassent le stade de l'agréable. En revanche, sur l'album, elles sont séparées par un titre d'une lourdeur monstrueuse, "In Spirit Golden", à l'instrumentation indigeste et à l'inventivité en panne. Pareillement, "Turn Your Back On Love" s'ouvre sur une hallucinante intro à la Van Halen qui estomaque par son kitsch bien trop premier degré. Cependant, le groupe parvient à sauver des chansons, comme "No Smile" et son reggae gentillet parfaitement maîtrisé (qui rappelle d'ailleurs Sting), ou encore la réinvention du "Only Love Can Break Your Heart"de Neil Young. Hélas, certaines très bonnes démos ont été écartées de l'album, comme "Control" , "Noah's Arc" ou "Bohemian Love", alors qu'elles auraient été parfaites pour redonner à The Constant toute sa cohérence.
Avec The Constant, I Blame Coco semble peiner à se trouver une identité. Entre claviers kitsch et univers spleen et indie, l'album oscille entre production douteuse et vraies réussites électro-pop. Et c'est pour cela que ce premier effort reste prometteur malgré tout. Coco Sumner a un vrai talent qui paraît s'exprimer de façon un peu trop chaotique, comme si elle voulait toucher à trop de choses à la fois. Le meilleur compromis sera sûrement d'aller voir la jeune femme se produire en live, où le son y est résolumment plus sauvage et rugueux.