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Hanni El Khatib
Moonlight
Produit par Hanni El Khatib
1- Moonlight / 2- Melt Me / 3- The Teeth / 4- Chasin' / 5- Worship Song (No.2) / 6- Mexico / 7- Servant / 8- All Black / 9- Home / 10- Dance Hall / 11- Two Brothers


Si selon certains, l’amour dure trois ans, alors la lune de miel passée avec Hanni El Khatib en 2011 avec Will The Guns Come Out n’est plus qu’un lointain souvenir. Fini le temps des promesses enflammées et de la fièvre continue, bannie la passion incandescente et la fougue devastatrice. Tout cela se retrouve rangé dans le placard à archives de nos émotions et la pâle lueur de cette nouvelle lune peine à nous éclairer. Deux ans après un second essai plutôt convaincant, HEK nous retire la tête d’une crasse pourtant habilement dessinée par Dan Auerbach et reprend les commandes sur Moonlight, troisième livraison et comme au bon vieux temps, aimerions nous dire.
Nous y avons pourtant cru sur les premiers titres. Mélangeant habilement la production crade du premier album et la discipline sonore acquise avec la tête pensante des Black Keys, HEK nous ouvre la porte d’une vieille Rambler de 1964 et nous embarque pour une dangereuse virée nocturne. Sur ce paysage désertique de Los Angeles, on y croise ce cher Iggy version Stooges ("Melt Me"), on partage une tequila avec Alan Vega ("Moonlight"), on se met à rêver psychédélique ("Chasin’") et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela nous plait beaucoup. Notre chauffeur a appris à canaliser son énergie pour éviter les sorties de route et se permet même de taquiner le stooner qui sommeille en nous ("The Teeth"). On croirait presque toucher les étoiles avec "Mexico", brûlot rock au riff lancinant et hypnotisant, bluffant de maîtrise et littéralement planant.
Puis soudainement, notre Rambler cale une première fois, trompée par la direction pop molle dans laquelle s’est engagé notre chauffeur ("Servant"). Elle tente bien de remettre les gaz avec "All Black", mais rien n’y fait, la route est difficilement praticable et notre ivresse s’est déjà dissipée. On craint même l’accident avec "Home" et son insupportable gimmick mélodique, qui nous donnerait presqu’envie d’y rentrer pour de bon. Et puis contre toute attente, dans une tentative désespérée, notre chauffeur sort un baril de son coffre et remplit le réservoir d’un étrange mais savoureux disco ("Two Brothers"), nous permettant de rentrer à bon port après avoir eu peur de ne jamais terminer le voyage. Reste plus qu’à remplir le guide touristique qui conseillera ou non aux futurs aventuriers d’explorer ces nouvelles contrées.
Ce Moonlight devait être le Brothers d’Hanni El Khatib. Et soyons honnêtes, il ne lui manquait plus qu’une ou deux vitesses à passer pour y parvenir. Le début de l’album est une véritable réussite : HEK parvient à canaliser son énergie première en l’utilisant de façon parcimonieuse tout en affichant une véritable cohérence quant à l’ambiance générale. Le reste de l’album ne se relèvera finalement jamais du génial "Mexico", et les titres restants manquent cruellement de liant mélodique en se fourvoyant dans un convenu dont on ne soupçonnait pas l’existence chez ce garçon. Les deux derniers morceaux combinés aux six premiers permettent cependant à Moonlight de se faire une place au soleil parmi les bons disques de ce début d’année. Allez Hanni, on sait que tu feras mieux la prochaine fois. D’ici là, revois quand même la mécanique de ta Rambler.