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Billy Gibbons and the BFG's
Perfectamundo
Produit par Joe Hardy, Billy Gibbons
1- Got Love If You Want It / 2- Treat Her Right / 3- You're What's Happenin', Baby / 4- Sal Y Pimiento / 5- Pickin'up Chicks On Dowling Streets / 6- Hombre Sin Nombre / 7- Quiero Mas Dinero / 8- Baby Please Don't Go / 9- Piedras Negras / 10- Perfectamundo / 11- Q-vo

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Après plus de 45 ans passés à répandre le blues rock qu’on aime tant avec les ZZ Top, Billy Gibbons avait peut-être envie de prendre un peu d’air, ou de s’essayer à autre chose. L’annonce de la sortie d’un projet solo de l’emblématique barbu du Texas a quoi qu’il en soit très vite mis en joie tous les fans de blues bien gras. Mais c’est dans un registre complètement inattendu que Gibbons, accompagné pour l’occasion du groupe The BFG’s, fait couiner sa guitare dans ce Perfectamundo : La musique afro-cubaine/latine.
Rassurez-vous, il y aura bien quelques parties de guitares affriolantes dans cet album surprenant et assez inclassable. Comme le dit le principal intéressé, "Au plus profond de ce que nous faisons, que ce soit avec ZZ Top ou avec ce Perfectamundo, il y a le blues. C’est un diamant, et nous avons trouvé un moyen de le mettre dans un nouvel arrangement, afro-cubain. Il vient vraiment du même endroit". Comme pour s’amuser de cette situation où on ne l’attend pas, Gibbons entame les premières notes de "Got Love If You Want It", titre d’ouverture, comme un titre de son répertoire classique. Avant que les percussions latines et une mélodie beaucoup plus légère ne viennent nous plonger dans ce qu’est réellement Perfectamundo. Le mélange des genres est bien présent, on retrouve une légère atmosphère bossa nova même si une batterie bien plus classique vient vite au renfort des percussions exotiques quand vient le temps de laisser Gibbons au solo. Solo de guitare qui sera suivi d’un solo d’orgue très réussi de Mike Flanigan, l’un des trois compères des BFG’s.
"Got Love If You Want It" est suivi d’une reprise sauce texane de "Treat Her Right", un des grands succès du chanteur de rock latin Roy Head, qui avait marqué Billy Gibbons lors de son passage à Houston en 1968. Là encore la mélodie dansante est conservée, la batterie s’adapte un peu plus au style cubain, et le jeu de Gibbons semble se fondre un peu plus dans le style auquel il essaye de rendre hommage. Les titres s’enchaînent en restant tous dans cette même veine, sans vraiment se détacher les uns des autres en créant une ambiance joviale et singulière.
Le gros point noir qu’on retrouve sur plusieurs titres de Perfectamundo, c’est le choix de postproduction qui a été fait pour le traitement des voix. "You’re What’s Happenin’ Baby", "Sal Y Pimiento" ou "Hombre Sin Nombre", autant de titres où le chant de Gibbons est retravaillé et la seconde voix d’Alex Garza, bassiste du groupe, ne semble parfois même plus humaine. La voix rauque de Gibbons est certes plus appropriée au blues qu’au mambo, mais elle reste assez unique pour qu’on l’apprécie quel que soit le contexte (l’écouter en interview est un délice). C’est d’ailleurs le point de départ de tout cet album, placer le blues de Gibbons dans un autre contexte. Au même titre que son jeu de guitare, qui n’est absolument pas dénaturé, le chant de Billy Gibbons est un atout vraiment particulier pour un disque qui de toute façon est déjà hybride. Ces retouches n’étaient sans doute pas utiles.
L’approche de la musique afro-cubaine par le blues avec un claviériste et un guitariste si talentueux offre de grands moments de jeu en solo et globalement, une fois passé au-dessus de la surprise et des quelques passages chantés un peu trop vocodés, aucun morceau n’est vraiment en-dessous des autres. On remarque bien quelques petites tentatives pour rendre le disque plus populaire et accessible (le titre "Perfectamundo" ou le couplet rap de "Quiero Mad Dinero"), mais qui sont finalement dans la lignée dansante et festive de la musique cubaine. Petite exception à la règle, "Baby Please Don’t Go" est clairement un titre blues sur lequel là encore l’orgue impose un monstrueux solo.
Perfectamundo n’est sans doute pas la base d’un quelconque projet sérieux, mais plutôt une cour de récréation pour Billy Gibbons. Une cour de récréation qui sera amenée selon lui à se produire sur scène, certainement pas dans une tournée mondiale, mais l’expérience sera là aussi sans doute vraiment intéressante et divertissante. Finalement, Perfectamundo est un album à prendre avec un peu d’ouverture d’esprit et de recul, pour apprécier son atmosphère unique et festive.