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Critique d'album

Smalltape


The Ocean


(05/05/2017 - RECORDJET - New prog - Genre : Rock)
Produit par

1- When The Waves Divide / 2- The Ocean Pt. 1 / 3- The Shore / 4- Mirror / 5- The Sailor's Tale / 6- The Diver / 7- Kaventsmann / 8- Concrete Silence / 9- The Ocean Pt. 2 / 10- Picture Of A Dawn
Note de 4/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un album aussi majestueux que le grand bleu"
Quentin, le 14/07/2024
( mots)

Philipp Nespital n'est pas un inconnu sur Albumrock, puisque le cas du multi-instrumentiste anglais et de son projet baptisé Smalltape ont déjà bénéficié de la plume élogieuse de Franck il y a quelques années avec la sortie de son album dernier The Hungry Heart. Aussi doué soit-il, et marchant dans les pas d'autres musiciens touche-à-tout surdoués dont un certain Steven Wilson, les productions de l’Allemand n’ont jamais bénéficié du coup de projecteur qui lui aurait permis de s’ouvrir les portes d’une notoriété qui lui revient pourtant de plein droit. En effet, c’est dans l’anonymat le plus complet qu’il a sorti l’un des albums de prog-rock les plus scotchants de ces deux dernières décennies, empruntant au meilleur de ce que produire cette scène en matière d’émotion, de technicité et d’ambition musicale.


Philipp Nespital a en effet axé la composition de ce second album sur la base d’une certaine démesure en phase avec la thématique traitée et renforcée par le mariage des styles musicaux entre passages classiques et jazz très marqués et mouvements de cordes orchestraux qui donnent du caractère et de la profondeur à son rock progressif sensible et élégant. Multi-instrumentiste complet, Nespital assure la composition de A à Z mais s’est entouré dans la réalisation d’autres musiciens qui interviennent ponctuellement sur quelques morceaux à la basse, aux claviers, à la guitare, la batterie et au saxophone. En tant qu’ingénieur du son, l’Allemand a ainsi peaufiné dans les moindres détails les arrangements qui font honneur à la belle variété instrumentale de ce second album, permettant des variations d’intensité et des atmosphères fluctuantes qui évoquent aussi bien le calme plat et reposant d’une mer d’huile que la houle tempétueuse capable de faire chavirer les plus frêles esquifs. La référence à l’océan doit également être entendue de manière plus métaphorique en rapport à l’identité personnelle qui change au gré du flux et du reflux des sentiments, ces derniers forgeant la personnalité fluctuante des individus.


C’est un mouvement orchestral mélancolique qui accueillera l’auditeur au commencement de cette véritable symphonie progressive, comme un préambule gracieux au premier titre majeur de cet album, l'instrumental "The Ocean Pt.1" et sa tension sourde de cordes qui évoquerait presque un danger tapis sous les eaux profondes façon "Les Dents de la Mer" avant d'embrayer sur un riff électrique groovy et hyper accrocheur. Le morceau progresse en direction d'un pont jazzy où piano et basse se répondent dans un dialogue haletant avant un final magistral où le thème se voit amplifié par la conjonction des chœurs, du quartet de violons et du riff principal. Sacrée entrée en matière, et ce n'est que le début de près de 72 minutes de musique avec des titres aussi diversifiés qu’exceptionnels qui se succèdent avec une grande fluidité.


Les parties au piano s'avèrent être absolument superbes tout au long de l'album, le jeu de Nespital rappelant par moment celui de Gleb Kolyadin dans ses aspects les plus virtuoses et mélodiques. On retrouve le doigté du pianiste d'Iamthemorning en particulier sur le thème dantesque de "Mirror" accompagné par des guitares plaintives et une section basse/batterie impressionnante de justesse, s'adaptant aux multiples changements de rythmes et retranscrivant parfaitement en musique les émotions véhiculées par le chant habité de Nespital qui dénonce la tyrannie du conformisme et l'hypocrisie sociale qui lui est liée.


L'Allemand ne cherche pas à cajoler l'auditeur dans la facilité et aime se perdre dans des structures complexes et à tiroirs. Preuve en est avec le mastodonte "Kaventsmann" de plus de 15 minutes, vrai titre de rock progressif aventureux qui débute par une section planante puis nous entraîne avec son motif central de guitare acoustique doublé par le saxophone jusqu'au riff central, jouissif, carnassier et implacable qui emporte tout dans son passage tel un raz-de-marée. Les nombreux développements classiques puis jazzy qui émaillent le titre et les digressions solistes de basse, de claviers et de cuivres finissent par converger vers un final explosif avant l'apaisement retrouvé donnant à entendre des envolées de violons langoureux. Autre moment de bravoure, "Concrete Silence" possède des accents très wilsoniens, alternant entre des couplets à la noirceur suffocante et des refrains à la puissance cathartique. Otis Sandsjö y livre une nouvelle fois une prestation bouleversante au saxophone tandis que le toucher acoustique d'inspiration espagnole, le jeu sur les textures de claviers et la superposition des lignes vocales permettent à l'excellent "The Sailor's Tale" de se démarquer également.


Pour cérébrale qu'elle puisse paraître au premier abord, la musique de l'Allemand sait aussi se faire plus directe et accessible avec "The Shore", petit bijou acoustique où Nespital nous emporte avec son interprétation à fleur de peau et son accompagnement aérien de saxophone. Même délicatesse acoustique sur "The Diver" et son air de bossa triste sur laquelle se pose le phrasé élégant d'une ligne de guitare cristalline. La voix légèrement voilée de Nespital nous amène sur un refrain confondant de beauté, évoquant la grâce et la fluidité des mouvements de l'océan. L'Allemand prouve sur ces titres qu'il n'a rien à envier au talent de compositeur de Bruce Soord, qu'il a d'ailleurs accompagné lors de sa dernière tournée, pour mettre en boîte des petites perles mélancoliques. En fin de disque, "The Ocean Pt.2" fait la synthèse des titres précédents, reprenant les thèmes de "The Ocean Pt.1" et de "The Mirror" avec une puissance décuplée comme un hymne fédérateur tandis qu'une ballade sensible et porteuse d'espoir vient conclure l'album avec un côté popisant et un final dont l'intensité nous laisse une dernière fois muet d'admiration.


Philipp Nespital est l’auteur avec The Ocean d’un concept-album poétique et puissant, une œuvre entière qui s’écoute d’une seule traite avec une force hypnotisante et qui transmet une impression de plénitude et d’immensité, déjà suggérée par la superbe pochette. Une œuvre qui fait assurément partie de ce qui a été fait de mieux sur la scène progressive depuis le début des années 2000. Et, cerise sur le gâteau, une partie du prix de vente de l'album est directement reversée à une association qui lutte pour la sauvegarde et la protection des océans... Quand on vous dit qu’il est parfait cet album...


 

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